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Les félins, ou félidés (Felidae) constituent une grande et belle famille ayant toujours fasciné votre webmastrice, qui a de là voulu percer tous leurs mystères. L’un d’eux : d’où viennent et que signifient leurs noms ? C’est cette curiosité qui m’a amenée à étudier le latin, puis le grec ancien, et à aujourd’hui être diplômée en lettres classiques. Tout ça au départ pour avoir voulu saisir l’étymologie des noms des félins !
Partons maintenant à la découverte des résultats de cette enquête…
Partie 1 : Les grands félins
Partie 2 : Les petits félins de grande taille
Partie 3 : Les petits félins

Lynx : les lynx
Le mot lynx nous vient d’une racine grecque, leukos, qu’on peut traduire par « blanc », mais aussi par « brillant », choix sans doute effectué en référence au regard du félin, brillant quand on l’éclaire la nuit. Le terme a donné le nom grec du lynx, lunx, latinisé en lynx. C’est le rapprochement de ce terme avec le nom d’un héros mythologique à la vue extraordinaire, Lyncée, qui est à l’origine du mythe de la vue perçante du lynx et de l’expression « œil de lynx », bien que son sens principal soit…l’ouïe !

Pour les qualificatifs de chaque espèce, débutons par l’Europe. Le lynx le mieux connu des méditerranéens était le lynx pardelle, aujourd’hui cantonné à l’Espagne et au Portugal mais autrefois largement plus répandu. L’adjectif pardelle vient du fameux pard, soit « tacheté », vu précédemment. L’espèce est en effet la plus foncée et la plus marquée des quatre lynx. Ses autres appellations de lynx ibérique et lynx pardelle sont purement géographiques.

Idem pour le lynx boréal, habitant principalement de la forêt tempérée de l’hémisphère Nord, la forêt boréale, et dont les autres dénominations sont lynx d’Europe et lynx d’Eurasie, plus rarement et de façon vieillie lynx du Nord. Les sous-espèces sont quant à elles toujours nommées de façon géographique : Sibérie, Europe, Carpates...

Côté américain, le lynx du Canada bénéficie lui aussi d’un nom lié à son aire de répartition principale.

Le lynx roux, ou lynx bai, doit ces appellations à sa fourrure le plus souvent roussâtre à gris-fauve. Le terme de bobcat est son nom vernaculaire en anglais, et peut être employé en français. Le mot est une contraction de « bobtail cat », soit « chat à queue courte », ce qui convient plutôt bien à un lynx, ces félins étant caractérisés par leur queue courte.

Acinonyx : le guépard
Le guépard, lui aussi, ne porte pas le nom qui lui était attribué à l’origine. Sa première dénomination antique fut pardalis, de parda, la femelle du « pard » et lis, le lion, car on le croyait hybride de ces deux animaux. Une fois pardalis tombé en désuétude, le guépard, confondu avec la panthère, a été comme elle appelé panthera jusqu’après la Renaissance. L’appellation « guépard » est donc assez tardive. Elle nous vient de l’italien gatto pardo, donc « chat tacheté », dénomination parfois du serval, mais à l’origine d’un félin présent jusqu’au Moyen-âge en Italie : le lynx pardelle ! Cet impropre gatto pardo, francisé en guépard, est ensuite repassé en italien sous la forme gepardo pour désigner notre guépard. Quel imbroglio…

Puma : le puma et le jaguarondi
Le mot « jaguarondi » a sans doute une origine proche de « jaguar ». Il vient du dialecte tupi d’Amérique du Sud, où l’animal est appelé yagua-rhundi. Son autre nom d’eyra viendrait lui d’un mot d’un dialecte brésilien, aro, latinisé. Notons qu’on a longtemps pensé qu’il existait deux espèces : l’eyra, roux, et le jaguarondi, brun, avant de se rendre compte qu’il s’agissait en fait d’un seul et même animal. Les appellations de chat-loutre ou chat-belette font elles référence à la ressemblance entre le jaguarondi et certains mustélidés.

Le puma détient le record de l’animal ayant le plus grand nombre de noms différents dans le monde, validé par le Guinness des Records ! Même au sein d’une seule langue, le puma peut avoir de nombreux noms : plus d’une dizaine rien qu’en français, et près de 40 en anglais ! Nous ne traiterons ici que les plus répandus.
Comme d’autres grands chats, lui aussi est régulièrement appelé « tigre » ou « panthère ». Le nom vernaculaire d’une sous-espèce, celle de Floride, est même « panthère » en français : on parle en effet plus fréquemment de panthère de Floride que de puma de Floride. Toutefois, le nom emprunté à un grand félin de l’Ancien Monde le plus souvent employé pour qualifier le puma est celui de lion : lion des montagnes, lion d’Amérique, lion rouge, lion du Chili, lion péruvien… Mais pourquoi « lion » ? Cela vient d’une confusion toute bête : les premiers européens à avoir reçu des peaux de pumas, suite à la découverte de l’Amérique, crurent face au pelage uni de l’animal avoir à faire avec le seul félin de grande taille à la fourrure de couleur uniforme qu’ils connaissaient, le lion, et d’ailleurs, ne voyant jamais de crinières, s’étonnaient qu’il n’y ai que des femelles !

Autre nom très couramment employé : cougar, ou couguar, voire cougouar ou même couguard, toutes ces orthographes sont possibles. Ce nom vient aussi du dialecte tupi, du mot susua’rana, signifiant « animal au poil de la couleur de celui du cerf » employé au Brésil par les autochtones pour désigner cet animal, déformé par les portugais en cucuarana, puis progressivement fixé en français sous la forme couguar au XVIIème siècle.

Le terme de puma nous vient lui, par l’intermédiaire de l’espagnol, du mot puma, tiré du quechua, la langue de l’ancien peuple Inca. Ce terme signifie « le puissant » : rien d’étonnant pour les Incas, habitants des Andes, de nommer ainsi le plus grand prédateur de ces montagnes ! « Le puissant »…tient tient, un autre parallèle avec le lion, dont la racine du nom signifie la même chose. Il n’y a sans doute donc rien de surprenant à ce que le puma ai hérité du surnom de lion d’Amérique.
