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La cruauté derrière la beauté : Quid des pelages atypiques en captivité - partie 3

Un grand merci aux embres du groupe Facebook "Un Monde de Félins" pour leur participation photographique !

Photos par eux et par moi-même Lena_Panthera, tous droits réservés

Ils sont magnifiques, ça, c’est certain ! Depuis que les zoos en abritent, ils attirent les foules. Les cirques en font leurs attractions phare. Leur beauté fascine.

Mais le grand public sait-il d’où viennent tigres blancs et autres félins au pelage atypique qui vivent en captivité ? Les gens savent-ils qu’est ce que se cache réellement derrière leur élevage, et pourquoi sont-ils devenus si courants en captivité alors qu’ils sont extrêmement rares voire absents dans la nature ?

Première partie : Tigres blancs et dorés

Deuxième partie : Lions blancs

Troisième partie : Félins noirs

Nous avons vu dans les deux premières parties que tigres blancs et dorés, ainsi que lions blancs, ont malheureusement été, et sont toujours, victimes d'effets de modes. Pour répondre à la demande et fixer la couleur, des accouplements consanguins ont été pratiqués, résultant en de nombreux problèmes de santé chez ces animaux. Heureusement, tous les félins au pelage atypique captifs ne subissent pas le même triste sort...

Panthères noires

S’il y a bien un félin au pelage atypique courant en captivité, c’est la panthère noire ! Courante en captivité ( plus d’une dizaine de zoos rien qu’en France e possèdent ), mais également dans la nature d’ailleurs. En effet, dans le Sud de l’Asie où les panthères occupent surtout des milieux forestiers, un pelage sombre peut constituer un avantage. Les panthères noires, contrairement à une croyance populaire, ne sont pas une espèce à part. La mutation à l’origine de la fourrure noire, le mélanisme, est bien répandue surtout chez les sous-espèces du Sud asiatique : panthère indienne, panthère d’Indochine, panthère de Java. En Malaisie et à Java, plus de la moitié des panthères sont noires ! Le mélanisme est plus rare mais existant à l’état sauvage chez la panthère du Sri Lanka et la panthère africaine, et on connaît au moins 2 cas de panthères de l’Amour nées noires en captivité : en 2010 dans un parc allemand, et en 2014 au zoo de Prague ( République Tchèque ). Si le premier est soupçonné hybride, la deuxième panthère de l’Amour noire est en revanche pure et née au sein du programme d’élevage de sa sous-espèce, auquel elle sera incorporé,  sans tenir compte de sa couleur. Le but n’est pas de perpétuer cette mutation, mais d’entretenir un patrimoine génétique viable de la sous-espèce en captivité.

Les panthères noires en captivité ne sont pas incluses dans un programme d’élevage en raison de leurs origines incertaines. En effet, si quasiment toutes descendent certainement d’individus sauvages capturés en Asie, impossible aujourd’hui de retracer les lignées et de s’assurer qu’il s’agit bien de pures panthères indiennes ou encore indochinoises. En captivité, on n’a pas tenu compte de ces données, mais seulement de la couleur. Le mélanisme est chez la panthère une mutation récessive : deux panthères tachetées porteuses du gène pourront avoir 25% de petits noirs, mais deux panthères noires n’auront que des bébés noirs. On a donc eu tendance à les croiser entre elles. Un certain degré de consanguinité est peut-être à l’origine d’un souci de comportement des panthères noires, réputées plus nerveuses et plus agressives que leurs congénères tachetées. Il ne peut toutefois aussi s’agir que du fait que leur pelage sombre les rend plus impressionnantes ! Une base de départ importante offre en effet aux panthères noires présentes en captivité un patrimoine génétique assez diversifié pour ne pas souffrir des mêmes problèmes que les tigres blancs, eux très fortement consanguins.

Jaguars noirs

Le mélanisme est une mutation assez courante également chez le jaguar. Elle peut en effet constituer un avantage chez ce félin surtout forestier. On estime que près de 6% des jaguars sauvages sont noirs. Fait assez intéressant, le mélanisme n’est pas chez le jaguar une mutation récessive comme chez la panthère, mais il est dû à un gène dominant. Une seule copie du gène, héritée d’un seul des 2 parents, peut donc suffire pour qu’un petit noir naisse. En revanche, 2 jaguars tachetés n’auront pas de bébés noirs. Le gène étant dominant, si l’animal le possède, il sera en effet forcément noir. A l’inverse, 2 jaguars noirs, s’ils ne possèdent pas chacun 2 copies du gène, pourront avoir des petits tachetés ! On peut remarquer que le pelage diffère selon que l’animal possède 1 ou 2 copies du gène du mélanisme : s’il n’en a qu’une, le pelage sera d’un gris très sombre marqué de taches noires bien visibles quel que soit l’éclairage, s’il en a 2 par contre, le pelage sera foncé et les taches seulement visibles en plein soleil, comme chez les panthères noires.

En captivité, les jaguars noirs ne sont pas menacés par la consanguinité. Leur gène étant dominant, il est totalement inutile, voire contre-productif, d’accoupler 2 jaguars noirs pour obtenir des petits noirs ! Ces individus sont donc simplement inclus dans le programme d’élevage de leur espèce au sein des zoos, et appariés sans tenir compte de la couleur de leur pelage.

Autres félins noirs

Le mélanisme est la mutation du pelage la plus répandue chez les félins. Il est attesté chez 19 espèces sur 38, et reste à confirmer pour 2 autres. Chez certaines espèces, il est même courant, en particulier chez les petits félins sud-américains : près de 17% des oncilles sont noires, et la population de chats de Geoffroy ou de kodkods peut être constituée pour plus de moitié d’individus mélaniques dans certaines régions. Il est aussi possible que la variante sombre du jaguarondi soit due à une forme de mélanisme, devenu dominant au sein de l’espèce, au détriment de la coloration rousse d’origine devenue beaucoup moins courante.

Toutefois, même si le mélanisme est une mutation bien répandue chez les félins, on recense en captivité peu de félins noirs en dehors des panthères et jaguars. Il s’agit, quand il y en a, de petits félins, déjà, il faut l’avouer, moins courants dans les zoos que leurs cousins de grande taille. Ils sont toujours inclus dans le programme d’élevage de leur espèce, et la consanguinité n’est donc qu’un risque minime. Dans les zoos d’Europe, 2 espèces sont concernées : le jaguarondi ( dans l’hypothèse où la variante sombre est une forme de mélanisme ) et le chat des marais. Chez le chat des marais comme chez le jaguar, la mutation est causée par un gène dominant. Des individus noirs de cette espèce sont présents dans au moins 3 établissements européens, dont 2 ayant déjà connu des naissances de chatons noirs, issus de couples mixtes ( un parent mélanique et un ordinaire ) : Dessau en Allemagne et le Parc des Félins en France. 

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