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La cruauté derrière la beauté : Quid des pelages atypiques en captivité - partie 2

Photos de lions blancs principalement par moi-même Lena_Panthera, tous droits réservés

Merci à Gaëlle Denis, co-administratrice du groupe Facebook Un Monde de Félins, pour son portrait du lion blanc Punky, du Parc des Félins

Ils sont magnifiques, ça, c’est certain ! Depuis que les zoos en abritent, ils attirent les foules. Les cirques en font leurs attractions phare. Leur beauté fascine.

Mais le grand public sait-il d’où viennent tigres blancs et autres félins au pelage atypique qui vivent en captivité ? Les gens savent-ils qu’est ce que se cache réellement derrière leur élevage, et pourquoi sont-ils devenus si courants en captivité alors qu’ils sont extrêmement rares voire absents dans la nature ?

Première partie : Tigres blancs et dorés

Deuxième partie : Lions blancs

Troisième partie : Félins noirs

Lions blancs

La principale différence entre les tigres blancs ( ou dorés ) et les lions blancs, c’est qu’on trouve toujours des lions blancs à l’état sauvage. Les lions blancs, comme les tigres blancs, sont atteints de la mutation appelée leucisme, ou leucistisme. Cette mutation n’a été recensée que chez une seule sous-espèce : le lion du Transvaal, ou lion du Kruger ( Panthera leo krugeri ), originaire d’Afrique du Sud. Les récits des autochtones parlent de la présence de lions blancs dans la région depuis le XVIème siècle au moins, et leur existence a été officiellement reconnue par les européens au cours du XXème siècle. On recense aujourd’hui une quinzaine de lions blancs à l’état sauvage. 7 sont issus d’un programme de réintroduction mené par Linda Tucker et son association le Global White Lion Protection Trust. Elle voulait rendre aux autochtones auxquels elle s’était lié, la tribu des Shangaans, leur animal sacré, et ainsi démontrer que des lions blancs pouvaient survivre dans la nature. L’opération fut un franc succès ! Avant le relâcher, des tests génétiques ont été effectués afin de s’assurer que les lions du programme n’étaient pas trop consanguins. Les autres lions blancs présents à l’état naturel sont eux nés sauvages.

Lion et lionceau blancs, Parc des Félins - Tous droits réservés

Une quinzaine de lions blancs sauvages donc, sur un total de peut-être 3000 lions dans cette région du monde qu’est l’Afrique du Sud. Et plus de 300 en captivité déjà en 2007 ! Avouons que même si, proportionnellement, il naît plus de lions sud-africains blancs que de tigres du Bengale blancs, ces lions restent peu courants à l’état sauvage, et le nombre d’individus captifs est en conséquence impressionnant. D’où viennent tous ces lions blancs ?

Lionne blanche, zoo de la Flèche - Tous droits réservés

Avant que Linda Tucker, ses félins, et les individus nés sauvages ces dernières années, ne parviennent à prouver que des lions blancs, mêmes s’ils avaient plus de difficultés que les autres, pouvaient parfaitement survivre dans le milieu de savanes qui est le leur, on pensait que, comme les tigres blancs des forêts d’Inde, ils étaient désavantagés et donc condamnés. Voilà pourquoi, quand le chercheur Chris McBride découvre en 1975 des lionceaux blancs dans la région du Timbavati, il est décidé de les capturer. Les lionceaux sont au nombre de 3 : une femelle blanche nommée Tombi, et 2 mâles appelés Temba ( blanc ), et Vela ( fauve mais porteur du gène blanc ). Accouplée à ses frères, Tombi donnera naissance au premier lion blanc à voir le jour en captivité, en 1981. Elle aura plusieurs autres portées jusqu’à sa mort en 1996, de même que Temba et Vela, qui seront aussi accouplés à d’autres lionnes. Depuis la capture de ces 3 félins, les naissances de lions blancs dans le Timbavati se sont faites rares. Une femelle qui a pu devenir adulte, décédée en 1993, semble avoir été la dernière. Le gène semble avoir disparu de la population.

Lion blanc, zoo de la Flèche - Tous droits réservés

Il ne s’agit pas de la seule lignée existante de lions blancs en captivité. Les autres sont issues de félins capturés dans la région du parc Kruger et de la réserve adjacente d’Umfolozi, ainsi que d’un mâle du Timbavati. En 1977, le zoo de Johannesburg récupère ce mâle blessé, qu’on pensait porteur du gène car apparemment issu d’une portée comprenant un lionceau blanc, afin de le soigner. Avec une femelle du zoo, il ne produira que des lionceaux fauves, mais d’un accouplement avec une de ses filles naîtra en 1982 Bella, lionne blanche, fondatrice de la lignée de Johannesburg. Une autre lignée a été fondée au zoo de Pretoria par un autre mâle fauve du Kruger, porteur du gène. Accouplé à ses filles, il produira des lionceaux blancs. Le parc Kruger et les réserves privées qui le bordent ont continué à voir régulièrement des naissances de lions blancs depuis lors. Tous les adultes nés sauvages à ce jour sont des femelles, nés de parents fauves. Parmi elles, 2 lionnes blanches nées en 2009 ont été suivies depuis leur naissance. En 2014, l’une d’elle a donné naissance aux premiers lionceaux blancs nés d’un parent blanc observés dans la nature.

Lionceaux blancs, Parc des Félins - Tous droits réservés

Comme on peut le voir, les lions blancs en captivité aujourd’hui sont, comme les tigres blancs, issus de lignées incestueuses. La grande différence est qu’ils ne descendent pas tous d’un même individu, mais de plusieurs lignées différentes, le patrimoine génétique de base est donc plus important et le taux de consanguinité des lions blancs plus faible que celui des tigres blancs. Les problèmes de santé ont également moins eu de temps pour s’installer car on élève des lions blancs depuis moins longtemps : première naissance en captivité en 1981, contre 1958 pour les tigres blancs. Enfin, les lions blancs ne sont pas des hybrides, mais encore de purs lions du Transvaal. Il y a donc moyen de les perpétuer sans les faire souffrir de consanguinité, en les incluant au programme d’élevage de leur sous-espèce, et en mêlant donc  lions fauves et blancs. C’est ce qui se fait dans le programme d’élevage nord-américain et certains zoos d’Europe.

Lionnes blanches, Parc des Félins - Tous droits réservés

Les lions blancs bénéficient encore d’un patrimoine génétique relativement diversifié, et les lignées sont assez récentes pour pouvoir être retracés, ce qui constitue une chance, car on peu ainsi apparier les individus en évitant un maximum la consanguinité. Les lions blancs nord-américains sont ainsi issus des lignées de Johannesburg et d’un des 3 lions du Timbavati, le mâle Temba. Le zoo de Philadelphie en particulier a développé leur élevage, et les premiers lions blancs en Europe provenaient de là. D’autres sont venus directement d’Afrique du Sud. Punky, mâle du Parc des Félins, est ainsi originaire de Johannesburg. Pour d’autres, les lignées sont moins certaines, car ils ne viennent pas de zoos, mais de fermes d’élevage… De plus en plus nombreuses en Afrique du Sud, ces fermes fournissent en lions zoos et cirques du monde entier, mais surtout l’industrie de la chasse aux trophées. Et là on ne se soucie plus de génétique, tout ce qui compte, c’est le profit. Ces lions blancs là, leur lignée n’est plus suivie, et on se fiche qu’ils soient consanguins : on veut juste les vendre au plus offrant, car leur couleur attise les convoitises. Le lion blanc devient « à la mode » et de plus en plus en souffre. La beauté et son prix, bien cher à payer…

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