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Grandir - Grands félins

Photos par votre webmastrice, tous droits réservés

Grandir à l’état sauvage est une épreuve difficile pour tous les félins. Nombreux sont les petits qui ne parviendront pas à l’âge adulte, pour diverses raisons. Ceux qui réussiront à survivre engendreront la génération suivante et permettront à leur espèce de perdurer.

Grands ou petits, les obstacles et le rythme de vie sont différents.

Bébé panthère des neiges, 2 mois - Bioparc de Doué la Fontaine

Grands félins

Les félins de grande taille ont une espérance de vie plus longue à l’état sauvage et sont moins prolifiques, particularité des animaux se trouvant en haut de la chaîne alimentaire. Ils ont en effet besoin de plus grands espaces pour chaque individu que des prédateurs plus petits, et c’est pour cela qu’ils se reproduisent moins, afin de limiter naturellement la population pour un territoire donné.

La majorité des félins de grande taille ont un cycle de vie assez similaire. C’est le cas pour le lion, le tigre, la panthère, la panthère des neiges, le jaguar, le puma et le guépard. Seule la panthère nébuleuse a un rythme légèrement différent.

Tigreaux, 3 mois - Zoo de la Boissière du Doré

Gestation et premiers jours

La période de reproduction varie selon le milieu occupé par les félins. Dans les zones tempérées, la saison des amours a lieu vers la fin de l’hiver, pour des naissances au printemps et au début de l’été. Sous les tropiques, la reproduction a lieu toute l’année, avec toutefois un pic lors de la saison des pluies dans les milieux plus secs comme la savane.

Mâle et femelle se retrouvent grâce aux marques odorantes laissées par la femelle pendant ses chaleurs et à des vocalises.  Le choix du partenaire ne se fait pas forcément selon la loi du plus fort ! Les femelles ont leurs préférences, les lionnes par exemple ayant tendance à choisir en priorité les mâles à crinière foncée et épaisse, signe qu’ils sont pleinement matures et en bonne santé. Il n’est pas rare non plus, si elle en a l’occasion, que la femelle s’accouple avec plusieurs mâles pendant sa période de chaleurs, et les différents petits de la portée pourront alors avoir des pères différents. Une particularité des félins est que c’est la stimulation pendant l’accouplement qui déclenche l’ovulation chez la femelle. Pour cela, les mâles ont un pénis hérissé d’épines, ce qui rend sans doute l’acte assez douloureux, d’où les réactions souvent violentes des femelles juste après, et la nécessité pour le mâle de la retenir par la peau du cou pour l’apaiser. L’accouplement est très rapide mais pourra se répéter plusieurs dizaines de fois pendant les chaleurs, qui durent d’une journée jusqu’à une semaine.

Oups ! Famille de lions d'Angola - Natur'zoo de Mervent

Chez les grands félins, la gestation dure environ 3 mois. A la naissance, les bébés sont aveugles, sourds et totalement sans défenses. Le poids varie selon les espèces, de 150 à 300 grammes pour une panthère nébuleuse à 300-500 grammes pour un guépardeau, et souvent déjà un peu plus de 1kg pour un tigreau ou un lionceau. La portée moyenne est de 2 ou 3 petits pour la plupart des grands félins, sauf pour le guépard où elle est d’entre 3 et 5, parfois plus : on a ainsi déjà vu des portées de 6 lionceaux ou encore 8 guépardeaux ! Pendant les premiers jours, leur mère ne les quitte quasiment pas. Ils vont grandir très vite grâce au riche lait maternel. Les yeux s’ouvrent généralement entre 1 et 2 semaines, et pendant les semaines suivantes les petits vont gagner en force et faire leurs premiers pas. Pendant cette période, leur mère les déplacera souvent plusieurs fois de manière à les protéger d’éventuels prédateurs.

Bébés panthères noires, 2 mois et demi - Zoo de la Boissière du Doré

 

Une première année cruciale

La première année est la période la plus difficile pour les bébés félins. La mortalité infantile est très élevée : près de 70% des tigreaux, 80% des lionceaux et  95% des guépardeaux n’atteindront pas l’âge adulte ! Si les grands félins adultes n’ont quasiment pas d’autres prédateurs que leurs congénères ou d’autres carnivores de grande taille (autres grands félins, grands canidés, ours…). 70% des bébés guépards seront victimes de prédation durant leurs premiers mois de vie, c’est l’espèce pour laquelle cette pression est la plus forte, et sans doute la raison pour laquelle les portées sont plus nombreuses chez le guépard que chez les autres félins de grande taille. Pour les jeunes lions et tigres, la principale menace vient des mâles adultes qui ne leur sont pas apparentés : pour ces super-prédateurs qui ne craignent presque personne, l’espèce se régule donc majoritairement d’elle-même. L’infanticide de petits qui ne sont pas les leurs est une stratégie des mâles pour transmettre leurs propres gènes : privée de sa portée, la mère retombera en effet rapidement en chaleur. Le reste de la mortalité vient des accidents, des maladies ou du manque de nourriture.

Guépardeau, 2 mois - Zoo de la Boissière du Doré

On pense souvent que les félins, en dehors du lion, sont des solitaires et que les petits sont uniquement élevés par une mère protectrice. La réalité ne reflète pas exactement ces croyances.

Les lions sont les félins les plus connus pour leur sens de la famille. La troupe est constituée de lionnes toutes apparentées, de leurs jeunes et de mâles adultes non-apparentés aux femelles. Les naissances ont souvent lieu à peu près en même temps, de manière à ce que les lionnes puissent se partager le travail d’allaitement et de garde des lionceaux pendant que les autres vont chasser. Les mâles adultes de la troupe eux sont les protecteurs de la famille, sur laquelle ils veillent en éloignant les mâles étrangers qui pourraient tuer les bébés.

Lionne et ses petits de 5 mois - Thoiry ZooSafari

Les études menées depuis les années 1990 ont révélé que d’autres grands félins, comme le tigre ou la panthère, pouvaient adopter des comportements semblables, bien qu’ils ne forment pas de troupes. De nombreuses tigresses ou femelles panthères vont ainsi s’accoupler avec un seul mâle, qu’elles vont essayer de garder près d’elles pendant quelques années, le temps d’amener à l’âge adulte au moins une portée engendrée par celui-ci. Sûr de sa paternité, le père va garder le contact avec la famille, partager de temps à autre une proie avec la femelle et ses petits et surtout protéger le territoire de l’intrusion de mâle étrangers menaçants, comme le font les lions. On connaît même le cas d’un tigre mâle qui a élevé lui-même ses petits après le décès de la mère d’une maladie.

Bébé tigre de Sumatra, 3 mois - Zoo de la Boissière du Doré

Les bébés commencent à suivre leur mère et à goûter à la viande dès 6 semaines pour les jeunes panthères nébuleuses, pumas et guépards, entre 2 et 3 mois pour les autres félins de grande taille. C’est à cet âge qu’ils deviennent plus agiles, que les taches des bébés pumas et des lionceaux commencent à disparaître et que les guépardeaux commencent à perdre leur crinière.  En dehors des lions, la mère laissera alors souvent ses petits manger en premier sur les proies. Même s’ils consomment de plus en plus de viande, les jeunes grands félins continueront de téter encore un certain temps. Le sevrage alimentaire définitif interviendra entre 3 et 6 mois. Ce sont les lionnes et les tigresses qui allaitent le plus longtemps.

Bébé panthère de l'Amour, 3 mois - Zoo des Sables d'Olonne

A partir du moment où les petits mangent de la viande, ils commencent à suivre leur mère dans ses déplacements. C’est la période de l’apprentissage de la chasse, mais aussi des codes sociaux de leur espèce. A partir de 2 à 3 mois, les jeunes deviennent très joueurs et on peut assister à ses courses et bagarres. Ces jeux sont un entraînement : ils développent la force, l’agilité, les réflexes. Attention toutefois à ne pas aller trop loin ! Les réprimandes de l’adulte font aussi partie de l’apprentissage : face à un supérieur hiérarchique, il faut savoir se contenir ; face à plus fort que soi, il faut savoir reculer.

Guépardeaux, 2 mois, et leur mère - Zoo de la Boissière du Doré

Outre le jeu, les jeunes félins apprennent également par l’observation. Ils se postent et regardent attentivement leur mère lorsqu’elle part en chasse, apprennent aussi quelle réaction adopter face aux autres animaux, ou lorsqu’on rencontre un autre membre de la même espèce. Cet apprentissage social n’est pas moins important que celui de la chasse, il l’est tout autant. Des félins privés de l’enseignement des codes sociaux de leur espèce, comme c’est le cas des bébés imprégnés en captivité (retirés tous petits à leur mère pour être élevés au biberon, et ainsi devenir plus dociles avec l’homme), ne pourront que difficilement être réintégrés plus tard avec des congénères non imprégnés : ils ne parviennent pas à communiquer ! Ils sont perdus dans leur tête et pour leur espèce. C’est pourquoi il est essentiel que les jeunes félins restent avec leur mère jusqu’à au moins 10 à 12 mois. C’est à cet âge qu’a lieu un second sevrage, appelé sevrage affectif. S’ils restent sans interactions sociales avec des congénères non imprégnés jusqu’à dépasser cet âge, les dommages sont presque irrémédiables.

Lionceaux blancs, 2 mois et demi - Parc des Félins

Le temps de l’indépendance

Une fois atteint le sevrage affectif, les jeunes félins commencent à s’éloigner progressivement de leur mère, et elle à se montrer plus distante envers eux.

C’est chez la panthère nébuleuse, le plus petit des grands félins, que les petits partent le plus tôt. Ils prennent leur indépendance vers 1 an et atteignent leur maturité sexuelle entre 20 et 30 mois. C’est le seul grand félin chez lequel la femelle pourra avoir une portée chaque année dans de bonnes conditions.

Jeune panthère nébuleuse, 11 mois - Zoo de la Boissière du Doré

Puma et guépard sont de proches parents et les plus grands de ceux qu’on qualifie habituellement de « petits félins ». Il est donc normal qu’ils se différencient des « grands félins », tout en ayant des points communs entre eux. Chez les deux espèces, les jeunes prennent leur indépendance en général vers 18 mois, avec une marge de 10 à 24 mois pour le puma, de 2 à 20 mois pour le guépard. Après avoir quitté leur mère, les jeunes pumas et guépards resteront souvent encore quelques mois ensemble avant de se disperser. Une stratégie de survie pour ces prédateurs inexpérimentés, car pour chasser comme pour se défendre, le groupe est une force dans une nature pleine de dangers. De 30 à 50 % de ces jeunes mourront toutefois durant ces quelques mois, victimes de prédation, d’accidents, de maladie ou de la faim. Pour les survivants, les femelles auront tendance à conserver un territoire proche de celui de leur mère. On a même parfois observé des guépardes subadultes participer à l’élevage de leurs petits frères et sœurs, peut-être pour gagner en expérience, avant de partir et fonder leur propre famille. En moyenne, une femelle puma ou guépard donne naissance à sa première portée vers 2 ans. Les mâles adoptent une stratégie différente : seuls pour les pumas, seuls ou en coalitions pour les guépards, les mâles vont davantage s’éloigner avant d’établir leur territoire et leur première reproduction a généralement lieu vers 3 ans.

Jeune guépard, 13 mois - Zoo de la Boissière du Doré

Les grands félins à proprement parler (panthère, panthère des neiges, tigre, lion et jaguar) ont une enfance plus longue. Si le sevrage affectif a lieu entre 10 et 12 mois, ils sont encore loin d‘être indépendants ! Chez la panthère des neiges, cette période de la vie a été peu étudiée. Chez une population observée en Mongolie, la dispersion avait lieu entre 18 et 24 mois et 23% des subadultes mourraient. Ce taux de mortalité est relativement faible comparé à celui de la panthère, chez laquelle seul un tiers des jeunes en moyenne survivent à l’indépendance. Cela est causé par une abondance d’autres prédateurs là où vivent les panthères (lions, hyènes, lycaons, tigres, loups…), alors que la panthère des neiges croise peu de rivaux. Les jeunes panthères quittent leur mère en moyenne entre 12 et 18 mois mais mettront longtemps avant de s’établir définitivement quelque part et la première reproduction n’a lieu en moyenne qu’entre 3 ans et demi et 4 ans, pour les deux sexes, bien que la maturité sexuelle soit atteinte entre 2 ans et 2 ans et demi. Les femelles s’installent plus proches du territoire maternel que les mâles et conservent un certain contact. On a déjà vu des femelles apparentées se revoir, avec même une occurrence au Kenya de trois générations de femelles vivant ensemble ! On connaît également quelques cas d’adoptions de petites panthères orphelines par une femelle adulte apparentée à leur mère.

Jeune panthère des neiges, 1 an - Zoo de la Boissière du Doré

Les jaguars ont été moins étudiés que les autres grands félins. Les jeunes, pour les populations étudiées, prennent leur indépendance entre 16 et 24 mois. La période de dispersion est mal connue, on peut simplement supposer qu’elle est semblable à celle d’autres grands félins tels que la panthère La maturité sexuelle est atteinte entre 2 ans et 2 ans et demi, et la première reproduction a lieu entre 3 et 4 ans. On ignore le pourcentage de jeunes jaguars qui survivent à cette période difficile.

Jaguar - Zooparc de Beauval

Le tigre est le plus grand des félins, et pourtant sa vie n’est pas simple, la période de la prise d’indépendance étant la plus critique. En moyenne, au cours de sa vie, une tigresse aura une portée tous les 2 à 3 ans, de 2 à 4 tigreaux à chaque fois. Les tigresses ayant en général leur première portée entre 3 ans et demi et 4 ans et demi, et pouvant se reproduire jusqu’à 15 ans environ, elles donneront naissance à entre 10 et 15 tigreaux au cours de leur vie, mais sur ce nombre seuls 4 ou 5 atteindront l’âge adulte. Les principales causes de mortalité sont la prédation entre tigres et les conflits avec les humains. Ce problème touche deux fois plus de mâles que de femelles dans certaines régions, la tension pour les territoires et l’accès à la reproduction étant forte entre eux dans des espaces sauvages de plus en plus réduits. Les mâles prennent également davantage de risques au moment de la dispersion, parcourant en moyenne trois fois plus de distance que les jeunes femelles avant de s’établir.

Jeux entre une jeune tigresse de Sumatra de 2 ans et sa mère - Zoo de la Boissière du Doré

Le cas le plus atypique est celui des lions. Chez ces félins vivant en troupes, les femelles ne connaissent en effet que rarement une période de dispersion ! Le noyau de la troupe étant constitué de femelles apparentées, la majorité des lionnes passeront toute leur vie dans le groupe où elles sont nées, en compagnie de leur mère, tantes, sœurs et cousines. Les lions adolescents commencent à participer aux chasses vers 18 mois. La maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 3 ans, et c’est à ce moment que la lionne va pousser ses jeunes à vraiment prendre leur indépendance. Les mâles vont quitter leur troupe natale à cette période. Il est intéressant de noter que sur les populations étudiées, de tous les lions subadultes ayant quitté leur troupe avant 3 ans, presque aucun n’a survécu. Les mâles, après avoir quitté leur troupe de naissance, resteront souvent quelques années dans une zone proche de son territoire, avant de définitivement s’éloigner. Beaucoup ne survivent pas à cette période, si bien que s’il naît à peu près autant de lionceaux mâles que femelles, à l’âge adulte on compte un ratio d’entre 2 et 3 lionnes pour un mâle. En conséquence de cette vie d’errance dans leur jeunesse, la majorité des lions mâles vont aussi commencer à se reproduire tard : rarement avant 5 ou 6 ans. On constate toutefois que dans les populations soumises à une forte pression humaine, où les mâles pleinement adultes manquent, l’âge de la première reproduction baisse à entre 2 et 4 ans. Les lionnes, elles, ont en moyenne leur première portée entre 3 ans et demi et 4 ans.

19 mois et encore joueuse ! Jeune lionne d'Afrique de l'Ouest - Zoo de la Boissière du Doré

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