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Chasse aux trophées

Nous sommes en juillet 2015… Un évènement fait le tour du web et crée un grand émoi : Cecil, lion emblématique d’un parc national du Zimbabwe, vient d’être tué par un chasseur de trophée. Celui-ci a payé 50 000 $ pour abattre le grand mâle à crinière noire, pourtant strictement protégé car chef d’une troupe importante, vivant dans un parc national et porteur d’un collier émetteur donc suivi par des scientifiques. On a attiré le félin hors du parc, blessé, puis suivi jusqu’à épuisement avant de l’achever d’un tir à bout portant. Tout cela de façon illégale. Mais ailleurs, chasser ainsi le lion est légal. Des centaines de lions sont tués chaque année par des chasseurs de trophées.

Quel est le problème là-dedans ? Quelles sont les menaces que cette chasse fait peser sur le lion, mais aussi les autres espèces ? Un point sur la situation actuelle.

Faisons de Cecil un symbole ! N'hésitez pas à partager cette bannière - photo prise par votre webmastrice au Refuge de l'Arche d'un autre lion victime de la bêtise humaine, rescapé de cirque

La chasse au lion en chiffres

Pour comprendre la situation, il faut d’abord connaître la situation actuelle des lions dans la nature. La population asiatique d’environ 400 individus, présente en Inde, n’est pas concernée. La chasse aux trophées a lieu pour l’essentiel en Afrique, en particulier dans le Sud du continent. Ils étaient plus d’1 million au monde à la fin des années 1800. On comptait peut-être 400 000 lions sauvages dans les années 1950. Ils n’étaient plus que 100 000 au début des années 1990. Aujourd’hui, il en resterait moins de 20 000. Le lion, figure si emblématique, autrefois si répandu, est devenu une espèce menacée d’extinction. 98 % de la population disparue en un siècle…

Et pourtant, dans certains pays, chasser ce félin menacé reste autorisé ! Plus de 600 lions sont ainsi tués chaque année en Afrique de façon totalement légale par des chasseurs de trophées. Des quotas sont imposés, mais pas forcément respectés, et on ignore les chiffres réels de la chasse illégale qui a aussi lieu…

Victimes sauvages

Près d’un quart des lions tués chaque année par des chasseurs de trophées sont des félins sauvages qui vivent dans leur milieu naturel. Ce sont eux qui font l’objet de quotas, dans les 9 pays où cette chasse est autorisée : Tanzanie, Mozambique, Centrafrique, Namibie, Zimbabwe, Cameroun, Bénin, Burkina Faso, et enfin la Zambie, qui avait pourtant interdit la chasse aux trophées de grands félins en 2012, mais veut la rouvrir pour la saison de chasse 2015/2016. Les quotas ont baissé ces dernières années, certains pays ont interdit de tuer les lionnes et lionceaux, et il y a un projet d’interdiction de chasse des mâles subadultes et jeunes adultes ( moins de 6 ans, âge de la pleine maturité ).

Le problème principal n’est pas tant le nombre de lions tués. Les quotas sont calculés de manière à ce que théoriquement la population ne soit pas en danger et parvienne à se maintenir, bien que dans ces conditions elle ne puisse plus vraiment augmenter. Pourtant, dans les faits, les populations de lions ainsi chassées sont en déclin pour cette raison même. Pourquoi ? Car les principales cibles des chasseurs, près de 56 % des félins tués, sont des grands mâles  adultes. Ces lions sont les mâles dominants, les reproducteurs et chefs de troupes. Si le groupe se retrouve privé de son mâle dominant, son équilibre est en danger. En effet, la place de dominant laissée vacante, d’autres mâles tenteront de la prendre, et afin de se reproduire ensuite avec les lionnes de la troupe, tueront tous les petits de leur prédécesseur. Soit les lionceaux sont tous tués, soit certains échappent au massacre mais grâce au départ de certaines lionnes. Dans tous les cas, l’équilibre de la troupe est détruit : les lionnes ont plus d’écart entre 2 portées qui survivent, moins de lionceaux arrivent à maturité. Déjà dans des conditions normales, seuls 20% des lionceaux dépassent 1 an. Là, le pourcentage baisse encore. Résultat : la population décline.

Chasse en boîte

Cela nous fait donc déjà de nombreuses victimes sauvages…mais plus encore sont celles des cages. Il s’agit de lions nés et élevés en captivité dans le seul but d’être tués une fois adulte, une pratique cruelle nommée chasse en boîte. Les trois quart des lions tués par les chasseurs de trophées sont des animaux nés en captivité. Là, pas de quotas, moins de contrôle. Qui paye a ce qu’il veut, même un rare lion blanc. C’est en Afrique du Sud que l’on rencontre le plus cette industrie de la mort. Près de 6000 lions peupleraient les élevages qui alimentent les chasseurs en victimes, rien que dans ce pays.

Pour commencer, si vous allez en Afrique du Sud, jamais, au grand JAMAIS, n’allez dans ces endroits ou moyennant finance vous pouvez jouer avec des lionceaux ou leur donner le biberon. Pourquoi ? Ce sont ces lionceaux, plus tard, que les chasseurs de trophée abattront. Les petits sont pris à leur mère dès les premiers jours. De cette manière la lionne retombera en chaleurs plus vite et aura une nouvelle portée : jusqu’à 3 ou 4 par an, contre normalement 1 tous les 2 ou 3 ans. Pourquoi croyez-vous que ces endroits sont toujours pleins à craquer de très jeunes lionceaux ? Les femelles ainsi employées peuvent finir par mourir d’épuisement. De plus, la séparation entraîne une souffrance pour la mère comme pour les petits. Les lionceaux sont élevés à la main, imprégnés, privés des apprentissages de leur espèce et donc perdus pour la nature. Ne croyez pas ce qu’on vous raconte quand on vous dit que ces petits sont élevés dans un but de conservation, pour des programmes de réintroduction. On vous ment. Un félin imprégné est quasiment impossible à relâcher, car il ne sait pas se comporter en vrai lion, ni chasser.

Adolescents, ces félins sont utilisés pour des « marches avec les lions ». Une fois trop grands et trop dangereux, ils sont ensuite parqués dans des enclos généralement inadaptés et surpeuplés, sans aucun enrichissement, pas forcément nourris correctement. Il faut juste qu’ils grandissent assez pour être vendus à de riches chasseurs de trophées.

Une fois adultes, ces lions, rappelons-le imprégnés et par conséquent sans crainte de l’homme, sont donc vendus à des chasseurs de trophées. Si le chasseur paye, ce n’est pas pour traquer sans résultat, c’est pour ramener son trophée, pour se pavaner avec, dire « vous voyez, j’ai tué un lion ! ». Que le félin ai eu sa chance ou non, il s’en fiche, peu lui importe l’éthique. Et le lion n’a aucune chance. Il est enfermé dans un enclos, certes souvent vaste mais ça reste un espace fermé sans issue, le chasseur et son guide le poursuivent à l’aide d’un véhicule, puis il est abattu. Peau et tête, le trophée, sont confiés au chasseur. Le reste de la carcasse, les os en particulier, sera vendu sur le marché noir de la médecine traditionnelle chinoise, qui face à la raréfaction des tigres devient de plus en plus friande de lions.

De sa naissance à sa mort, le lion n’aura ainsi été qu’un instrument de profit. Triste et courte vie, tout ça à cause d’humains qui ne cherchent qu’argent et gloire. Mais quelle gloire y a-t-il à tuer un animal enfermé ?

Et les autres félins ?

Le lion est un animal particulièrement emblématique, et on s’émeut fortement de le savoir victime de telles pratiques. Mais n’oublions pas qu’ils sont loin d’être les seules victimes des chasseurs de trophées ! En Afrique mais aussi ailleurs, de nombreuses espèces sont chassées uniquement pour « le sport » et « la gloire », dont malheureusement pas mal de félins.

Les panthères sont aussi souvent victimes de la chasse aux trophées. Il s’agit du grand félin le plus répandu. Il en resterait encore 50 000, contre 700 000 dans les années 1950. Le problème, c’est que pour établir leurs quotas, les chasseurs se basent toujours sur le chiffre de 700 000 ! Pour l’exemple de l’Afrique du Sud, ils partent ainsi d’une base de plus de 20 000 individus, alors que la population réelle n’atteint peut-être pas le quart de ce chiffre. La panthère décline, et les quotas continuent d’augmenter. La fourrure tachetée du félin est un trophée recherché. Le commerce de cette peau et d’autres parties du corps de la panthère est actuellement autorisé dans 12 pays d’Afrique. L’espèce est pourtant inscrite en annexe 1 de la CITES, rendant théoriquement tout commerce strictement interdit ! Payer pour tuer une panthère, donc acheter l’animal, devrait donc ainsi être normalement interdit.

Autre félin tacheté africain de grande taille, le guépard est une autre victime des chasseurs de trophées. C’est en Namibie, pays qui abrite la plus importante population de cette espèce, près de 2000 sur environ 12 000 guépards encore existant à l’état sauvage, que ce genre de traque a lieu. Soit ces chasses sont organisées par des organismes spécialisés, soit des fermiers proposent de tuer les guépards qui menacent leur bétail moyennant finance. Il s’agit pourtant là encore d’une espèce en annexe 1 de la Cites.

Plus méconnu, les plus petits félins africains que sont le serval et le caracal sont également souvent chassés. Eux ne sont classés qu’en annexe 2 : commerce contrôlé jusqu’à un certain point, mais parfaitement autorisé. Les chasseurs sont donc totalement libres, et font de nombreuses victimes parmi ces espèces. S’ils tuent un seul lion, une seule panthère, un seul guépard pendant une même chasse, rien ne les empêche d’abattre autant de servals et de caracals qu’ils veulent. Tant qu’ils payent, ils peuvent.

Mais la chasse aux trophées n’existe pas qu’en Afrique. En Amérique du Nord, pumas, bobcats et lynx du Canada en font ainsi les frais. Il suffit de payer un permis pour pouvoir les tuer, car ils ne bénéficient pas de réelle protection. Car c’est là la triste réalité dans toutes ces histoires de chasse aux trophées. L’argent achète tout. Tant que les chasseurs payent, ils ont le droit de tuer, même un représentant d’une espèce menacée. Nos félins, encore et toujours victimes de la loi du profit. 

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