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Tigre

Hors Wikimedia commons, photos par votre webmastrice et son co-administrateur Nicolas Clément pour le tigre doré. Tous droits réservés

Le tigre

Tigre de Sumatra, Doué la Fontaine - tous droits réservés

Des tigres d’hier . . .


Panthera palaeosinensis est un des plus anciens félins connus du genre Panthera. Il vivait en Chine et en Indonésie il y a 2,1 à 1,3 millions d’années. Toutefois, ce n’était pas encore un tigre, car Panthera palaeosinensis est un ancêtre commun au félin rayé et à la panthère des neiges. Le plus ancien vrai tigre connu est Panthera tigris acutidens, apparu il y a un peu moins de 2 millions d’années en Asie. C’était un géant, plus imposant encore que le tigre de Sibérie actuel. Vient ensuite le tigre de Trinil, Panthera tigris trinilensis, qui vivait à Java il y a 1,2 millions d’années. Cette grande sous-espèce a disparu il y a environ 50 000 ans, avant l’arrivée sur l’île des ancêtres du tigre de Java. Avec ces 2 sous-espèces, le tigre occupera durant le Pléistocène une très vaste aire de répartition. On le trouvait même en Béringie, au Japon, l’île de Palawan aux Philippines et celle de Bornéo en Indonésie, territoires où on ne le rencontre plus aujourd’hui. Mais malgré son succès, s’il n’y a pas succombé, le tigre n’a pas été épargné par la catastrophe qui a frappé tant d’animaux à la fin de la dernière période glaciaire.

. . . aux tigres d’aujourd’hui


Il y a 10 000 à 12 000 ans, le nombre de tigres a fortement chuté. Seule une petite population a survécu dans ce qui deviendra plus tard le Sud de la Chine. C’est cette population relique qui a donné la sous-espèce restée la plus proche des origines : le tigre de Chine ( Panthera tigris amoyensis ). Puis l’espèce a reconquit l’Asie, mais sans jamais que son aire de répartition ne redeviennent aussi vaste qu’avant. Au Nord, le tigre a évolué vers des formes plus imposantes, à la fourrure plus épaisse, des animaux adaptés aux rigueurs de l’hiver : le tigre de la Caspienne ( Panthera tigris virgata ) à l’Ouest et le tigre de Sibérie ( Panthera tigris altaica ), le plus grand de tous, à l’Est. Les deux populations sont restées génétiquement très proches car elles n’ont été isolées l’une de l’autre que tardivement. Dans le sous-continent indien est né le tigre du Bengale ( Panthera tigris tigris ), et en Asie du Sud-Est deux autres sous-espèces très proches, le tigre d’Indochine ( Panthera tigris corbetti ) et le tigre de Malaisie ( Panthera tigris jacksoni ). En Indonésie, le tigre est arrivé dans les îles de la Sonde. Ce sont des sous-espèces plus petites et plus fines qui ont évolué ici. On en compte 3 : le tigre de Sumatra ( Panthera tigris sumatrae ), le tigre de Java ( Panthera tigris sondaica ) et le plus petit, le tigre de Bali ( Panthera tigris balica ). Ce sont donc là les 9 sous-espèces modernes de tigres. 3 sont déjà officiellement éteintes . . .

Tigre, Refuge de l'Arche - tous droits réservés

 

Détail des sous-espèces 

Le tigre de Chine méridionale, tigre de Chine du Sud ou plus simplement tigre de Chine ( Panthera tigris amoyensis ), est la plus ancienne des sous-espèces actuelles de tigre. Sa taille est semblable à celle du tigre du Bengale, légèrement plus petit toutefois, mais le tigre de Chine est plus clair, avec des rayures plus nombreuses et une tête plus massive. C'est sans doute la sous-espèce la plus rare et une des plus menacées. On peut même dire que le tigre de Chine est quasiment condamné. Dans les années 1950, on estimait la population à plus de 4000 tigres de Chine. Déclaré nuisible par le gouvernement, le félin a fait l'objet de campagnes d'éradications, et l'interdiction de sa chasse en 1977 ne suffit pas à protéger les derniers spécimens. On n'en comptait plus que 150 à 200 en 1982, seulement 30 à 40 5 ans plus tard. Peu d'indices de la présence du tigre de Chine subsistaient en 1990, et plus aucun en 2001. La sous-espèce est probablement éteinte à l'état sauvage. Il existe bien un projet de réintroduction et la population captive, objet d'un programme d'élevage, s'élevait déjà à 72 spécimens. Mais tous sont descendants de seulement 6 tigres de Chine sauvages capturés dans les années 1970 et sont donc victimes de la consanguinité qui les fragilise beaucoup.

Le tigre de Sibérie, ou tigre de l'Amour ( Panthera tigris altaica ) est de tous le plus grand et le plus massif, pouvant parfois atteindre 3 mètres 50 de long et dépasser les 300 kg. Sa taille imposante constitue une adaptation aux rigueurs de l'hiver sibérien, durant lequel les températures peuvent atteindre -40°C. En effet, un animal grand et trapu, au pelage épais, conservera mieux sa chaleur corporelle ! Le tigre de Sibérie possède également une fourrure plus claire et moins rayée que ses congénères des régions chaudes. Braconnage et déforestation constituent pour cette sous-espèce les principales menaces. Il ne survit plus que dans la région du fleuve Amour : près de 90% de la population en Russie, le reste en Chine et peut être aussi quelques individus en Corée du Nord. On estime qu'il reste aujourd'hui environ 500 tigres de Sibérie dans la nature. Grâce aux mesures de protection, ce chiffre est en augmentation en Russie et dans la zone frontalière en Chine.

Tigre de Sibérie, la Bourbansais - tous droits réservés

Le tigre de la Caspienne ( Panthera tigris virgata ) vivait autrefois dans une bonne part de l'Asie centrale, des montagnes du Caucase et des abords de la mer Caspienne jusqu'à l'Ouest de la Chine. Génétiquement et anatomiquement très proche du tigre de Sibérie, il n'en a sans doute été isolé que peu de temps avant son extinction, peut être quelques siècles seulement. Le tigre de la Caspienne était presque aussi grand que le tigre de Sibérie mais un peu plus fin. Son pelage était un peu plus foncé et marqué de rayures fines souvent nombreuses. Le tigre de la Caspienne possédait des favoris bien développés et les poils de son ventre étaient proportionnellement plus longs que chez les autres sous-espèces de tigre. Tout ce qui nous reste aujourd'hui de ce magnifique animal, ce ne sont malheureusement que quelques peaux et spécimens naturalisés, en plus des photos et témoignages. Destruction de son milieu au profit des cultures de coton, raréfaction de sa proie principale le sanglier et campagnes d'éradications, car l'URSS voyait le tigre comme un obstacle à son développement économique, en sont venus à bout. Le dernier tigre de la Caspienne en captivité, une tigresse nommée Soraya, meurt au zoo d'Hambourg en 1960. Déjà à l'époque, ses congénères sauvages étaient très rares. On n'en trouve plus trace depuis la fin des années 1970.

Le tigre du Bengale, ou tigre indien ( Panthera tigris tigris ) est le plus répandu et celui qui sert de référence pour tous les autres. Il occupe des habitats très variés, des mangroves aux montagnes en passant par la forêt sèche. C'est la seule sous-espèce qui compte encore aujourd'hui plus d'un millier de spécimens. On estime la population sauvage de tigres du Bengale à un peu moins de 2500 individus. Par sa taille, sa stature et sa répartition, le tigre du Bengale fait figure d'intermédiaire entre tous les autres. Il est plus foncé qu'un tigre de Sibérie ou de Chine, plus clair que les sous-espèces d'Asie-du-Sud Est, et c'est la 3ème sous-espèce par la taille, après les tigres de Sibérie et de la Caspienne. On a toutefois connu des spécimens de taille impressionnante. Malgré son adaptabilité, la déforestation et le braconnage menacent aujourd'hui gravement la survie du tigre du Bengale.

"Panthera tigris tigris Tadoba India wild tiger" by Grassjewel - Own work. Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Panthera_tigris_tigris_Tadoba_India_wild_tiger.jpg#/media/File:Panthera_tigris_tigris_Tadoba_India_wild_tiger.jpg

Le tigre d'Indochine ( Panthera tigris corbetti ) se rencontre de la Birmanie au Vietnam. On le trouvait auparavant également en Chine, mais les scientifiques n'en ont plus observé depuis 2007. Ce même spécimen est mort fin 2009, braconné et mangé par un villageois chinois . . . Sur ce qui reste de son aire de répartition, on estime la population de tigres d'Indochine à environ 350 individus. Un peu plus petit et foncé que le tigre du Bengale, cette sous-espèce vit dans un milieu de forêt dense qui rend difficile son étude et sa surveillance, ce qui le rend particulièrement menacé par le braconnage et la déforestation, davantage que d'autres sous-espèces plus facilement observables. Le tigre d'Indochine a récemment connu un très fort déclin.

Il n'existe pas de distinction claire du point de vue physique entre le tigre d'Indochine et le tigre de Malaisie ( Panthera tigris jacksoni ), si ce n'est que le second est peut-être un peu plus petit. Génétiquement en revanche, ils sont bien distincts et le tigre de Malaisie a donc été reconnu en tant que sous-espèce à part entière en 2004. Il vit uniquement en Malaisie, pays dont il est d'ailleurs l'emblème. On compte environ 500 individus répartis en 3 principales populations, toutes en déclin en raison de la déforestation et du braconnage. Dans son pays d'origine, le tigre de Malaisie est connu sous le nom scientifique Panthera tigris malayensis.

Tigre de Malaisie, Mervent - tous droits réservés

Le tigre de Sumatra ( Panthera tigris sumatrae ) est le plus petit des tigres encore existant. Il possède un pelage foncé marqué de rayures fines et nombreuses, avec moins de blanc que les autres tigres. Il possède des favoris très développés par rapport aux autres sous-espèce, ce qui donne l'impression d'une tête plus large. Chez les mâles, la fourrure de la nuque peut être parfois assez épaisse pour donner l'impression d'une courte crinière, comme chez certains guépards. Le tigre de Sumatra est endémique à l'île du même nom. C'est le dernier survivant des tigres des îles de la Sonde, îles situées entre l'Asie du Sud-Est et l'Australie. Plus encore que le pourtant non-négligeable braconnage, c'est la déforestation qui menace les quelque 400 derniers tigres de Sumatra. Les forêts de leur île sont petit à petit remplacées par des plantations de palmiers à huile, et les tigres se retrouvent de plus en plus isolés les uns des autres, avec des territoires toujours plus restreints.

Tigre de Sumatra, Doué la Fontaine - tous droits réservés

Le tigre de Java ( Panthera tigris sondaica ) était endémique à l'île du même nom. Il s'agissait d'une des 3 sous-espèces de tigre des îles de la Sonde. Il était d'une taille semblable à celle du tigre de Sumatra, mais plus foncé, avec des rayures un peu plus nombreuses, et ses favoris étaient moins développés. Son crâne présentait également quelques particularités, avec notamment des carnassières, prémolaires et molaires servant à couper la viande, remarquablement longues. La déforestation fut la première cause de la raréfaction du tigre de Java. Les forêts couvraient la majeure partie de l'île de Java au début du XXème siècle, mais plus que 23% en 1938 et seulement 8% en 1975. Les derniers spécimens furent souvent victimes de la chasse. En 1940, les tigres ne se rencontraient plus que dans les rares zones encore préservées, et en 1971 dans une seule encore, le mont Betiri, déclaré réserve naturelle en 1972 afin de protéger les derniers tigres de Java, estimés à une vingtaine d'individus seulement. Il était malheureusement déjà trop tard. En 1976, les empreintes indiquaient encore la présence de 3 à 5 tigres. On ne trouve plus aucun signe d'eux depuis 1979. Le tigre de Java a été déclaré officiellement éteint. Mais se pourrait-il qu'il hante encore les forêts de son île ? Quelques témoignages et empreintes tendraient à le prouver, mais jusqu'à maintenant toutes les campagnes se sont révélées vaines. Toutefois, les recherches se poursuivent.

Le tigre de Bali ( Panthera tigris balica ) était le plus petit de tous les tigres. Sa taille peut s'expliquer par le phénomène dit de nanisme insulaire : vivant sur une toute petite île, il a progressivement rapetissé pour mieux s'y adapter. Le tigre de Bali pouvait peser jusqu'à 3 ou 4 fois moins qu'un tigre du Bengale moyen. C'était aussi la sous-espèce la plus foncée, avec des rayures noires fines et très nombreuses et très peu de surfaces blanches. De façon triste, il ne nous reste plus aujourd'hui aucune photo de tigre de Bali vivant, uniquement des images, d'ailleurs très rares, de félins morts. Le tigre de Bali n'a jamais existé en captivité et seulement 5 peaux et une douzaines de crânes ainsi que quelques os ont été conservés. Vu la petite taille de l'île, la population de tigres à Bali n'a jamais dû être importante. La déforestation et une chasser intensive ont donc rapidement causé son extinction. Le dernier tigre de Bali connu était une femelle abattue en septembre 1937 dans l'Ouest de l'île.

 By O. Vojnich - Tigerforum.de, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=47772451

 

Hybrides

Le tigard résulte du croisement entre un tigre mâle et une panthère femelle. Ces hybrides étaient tous prématurés et morts-nés. Leur pelage présentait un mélange de taches, d'ocelles et de rayures.
Le croisement inverse donne un pantig. En 1977, un jeune pantig mâle est né d'une panthère noire mâle et d'une tigresse au zoo de Southam, en Angleterre. Son pelage était du même jaune fauve que celui des panthères, marqué de noir. Les rayures dominaient sur les taches. Adulte, il fut vendu à un zoo américain. Un autre cas de pantig, mâle lui aussi, avait été reporté en 1966.

Les hybrides de tigre les plus connus et les plus répandus sont les hybrides entre lion et tigre. Le plus fréquent est le ligre, ou ligron, issu du croisement entre un lion mâle et une tigresse. Le premier cas de ligre connu est reporté en Inde en 1795. Un bon nombre de naissances ont eu lieu depuis. En raison de son allure impressionnante, le ligre est sans doute aujourd'hui le grand félin hybride le plus populaire et le plus répandu. D'apparence intermédiaire entre celle du lion et du tigre, c'est un animal très massif, au pelage fauve pâlement rayé. Certains mâles ont une courte crinière. Le ligre possède la particularité d'être largement plus grand que ses parents. Le plus grand connu, Hercules, pèse plus de 400kg pour 3,40m de long, quand les plus grands lions ou tigres dépassent rarement 260kg pour une taille maximale avoisinant les 3,50m. Et les ligres continuent de grandir leur vie durant . . .Les ligres femelles sont fertiles et les mâles stériles. Toutefois, on reporte en 1984 un cas de naissance de petits issus de l'accouplement entre 2 ligres. Les ligres mâles sont donc parfois fertiles.

ligres

L'hybride inverse, croisement d'un tigre mâle avec une lionne, est le tigron. Le cas le plus ancien connu date de 1827. Les tigrons sont moins courants que les ligres car moins impressionnants, même si par le passé ils étaient plus répandus que les ligres. D'apparence semblable à celle du ligre, ils sont toutefois souvent plus foncés, et nettement plus petits. Les tigrons n'atteignent pas la taille de leurs parents. Les femelles sont fertiles et les mâles stériles.

Ti-ligre et li-ligre sont des hybrides de seconde génération obtenus par le croisement d'une ligresse ( femelle hybride lion mâle x tigresse ) avec un tigre mâle pour le ti-ligre ou un lion mâle pour le li-ligre. Le croisement inverse, d'un ligre mâle avec une tigresse ou une lionne, est nettement plus rare mais des cas sont connus.
Le premier cas recensé de ti-ligre date de 1948. D'autres naissances ont eu lieu depuis. Ces animaux ressemblent beaucoup au tigre, tout en conservant quelques traits du lion. ( photos : ti-ligres )

Le premier li-ligre connu est né en 1984 près de Paris d'une femelle ligre nommée Julie et du lion Bichon ( par ailleurs le père de Julie ). Kiara, femelle li-ligre née en 2012 au zoo russe de Novosibirsk, n'est donc pas, comme tant l'ont dit, le premier hybride du genre recensé. Les li-ligres ressemblent beaucoup à de jeunes lions. Ils sont pâlement rayés, mais ces rayures peu visibles. Les li-tigrons ( lion x tigron femelle ) sont très semblables. Adultes, ils ont à peu près la taille d'une lionne.
Ces hybrides sont apparemment stériles.

bébé li-ligre

Le ti-tigron est issu du croisement entre un tigron femelle ( hybride tigre mâle x lionne ) et un tigre mâle. Le ti-tigron le plus connu est un mâle nommé Nathaniel ( photo ci-dessous ) né au refuge Shambala Preserve, aux Etats-Unis. Sa mère était une femelle tigron, Noelle, et son père un tigre de Sibérie, Anton. Pensant que Noelle, comme la majorité des hybrides, était stérile, elle fut placée en 1982 avec le tigre en toute confiance. Nathaniel est né un an plus tard, et ses parents ont été séparés, laissant seuls la mère et le fils. Nathaniel tenait davantage du tigre que sa mère et était nettement plus grand qu'un tigron, sans pour autant atteindre la taille d'un tigre. Son pelage était très semblable à celui d'un tigre doré, mais moins contrasté. Nathaniel est mort d'un cancer à seulement 9 ans. Sa mère, Noelle, est décédée de la même maladie peu après. Il est possible que Nathaniel soit le seul ti-tigron ayant existé.

 

Pelages atypiques

Le tigre est un des félins les plus facilement reconnaissables en cela qu'il se distingue par un pelage unique dans la famille : sa fourrure est entièrement rayée. Le fond du pelage arbore diverses teintes de roux fauve selon les régions, plus clair chez le tigre de Sibérie, plus foncé chez les sous-espèces des tropiques. Les rayures, noires, sont également plus nombreuses chez les tigres du Sud, et les zones claires, blanc à crème, du dessous, des favoris et autour des yeux, moins importantes. Outre ce motif roux rayé noir caractéristique, on a recensé chez le tigres une des plus grandes variétés de pelages atypiques parmi les félins.

Tigre blanc, la Boissière du Doré - tous droits réservés

Qui ne connaît pas le tigre blanc ? Ce pelage atypique est le plus connu et le plus répandu chez le tigre, car soigneusement entretenu en captivité depuis les années 1950. On pense souvent que seuls les tigres du Bengale peuvent être blanc, et il est vrai que tous les tigres blancs captifs actuels sont soit des tigres du Bengale, soit des hybrides entre tigre du Bengale et de Sibérie. Toutefois, on a reporté depuis le milieu du XVIème siècle des tigres blancs chez 6 des 9 sous-espèces : tigres du Bengale, de Sibérie, d'Indochine, de Malaisie, de Sumatra et de Java. Les chasseurs du début du XXème siècle décrivent même ces tigres comme peu courants mais pas si rares, à une époque où les tigres étaient encore nombreux : rien qu'entre 1907 et 1933 et uniquement en Inde, on recense pas moins de 17 spécimens sauvages abattus. Le tigre blanc n'existe plus aujourd'hui dans la nature. En captivité il est en revanche relativement courant, mais souffre de consanguinité. Quasiment tous les tigres blancs vivant aujourd'hui dans les zoos du monde entier sont en effet les descendants d'un seul mâle blanc, Mohan, capturé dans la nature en Inde en 1951. Ces tigres ont un pelage blanc à crème, avec les rayures variant dans des tons de noir, brun ou chocolat, et des yeux bleus caractéristiques.

Tigre blanc, CERZA - tous droits réservés

Il existe également une variante de tigre blanc aux rayures presque inexistantes, très floues, seulement visibles sous une certaines lumière ( sauf au niveau de la queue où elles sont en général plus sombres ). Ces tigres blancs sont rayures ont aussi les yeux bleus. Ils apparaissent en captivité dans certaines lignées de tigres blancs à rayures, souvent les plus consanguines. On compte une vingtaine de spécimens au monde. Dans la nature, quelques cas sont recensés, le plus ancien datant de 1820.
Contrairement à une croyance répandue, les tigres blancs ne sont pas albinos mais leucistiques. Le leucistisme, ou leucisme, a pour effet un pelage pâle, blanc à crème, où les marquages restent généralement visibles mais pâlis. Les yeux sont sombres.
Les vrais albinos ont eux le pelage entièrement blancs, la peau rose et des yeux roses ou rouges. On a recensé des tigres albinos par le passé, mais ces cas restent très rares, et, comme les 2 spécimens abattus en 1922 en Inde, ce sont souvent des animaux à la constitution fragile.

L'existence de véritables tigres noirs, qui seraient complètement noirs sans rayures, n'est pas confirmée. Par le passé, de nombreux " tigres noirs " se sont en fait avérés être des panthères noires, soit vues de loin, soit relativement grandes. Les fameux " tigres noirs " sont en effet dits plus petits que les tigres ordinaires. Pour certains cas le doute persiste, mais à chaque fois le corps était en trop mauvais état pour que la peau puisse être conservée. On n'a donc aucune preuve formelle de l'existence du mélanisme chez le tigre.
Les tigres noirs connus aujourd'hui ne sont en réalité pas complètement noirs. On reporte des cas de plus en plus fréquents de ces félins atypiques dans la réserve de Similipal, dans le Nord-Est de l'Inde. Les plus anciens datent de 1975 et 1976. Une peau a été confisquée à des braconniers en 1992, et une jeune tigresse noire menaçant un village tuée en 1993. Depuis 2007, l'image des tigres noirs de Similipal est régulièrement capturée par des pièges photographiques installés dans la réserve. Leur fourrure présente le même fond roux que les tigres ordinaires, mais leurs rayures élargies donnent à leur pelage une tonalité plus foncée. Ils sont aussi plus petits que leurs congénères de couleur normale. Leur mutation est sans doute l'abundisme ou le pseudo-mélanisme.

Les tigres dorés sont atteints d'une mutation nommée rufisme, ou rufinisme. Leur pelage est roux doré rayé roux foncé, avec de larges zones blanches. Très rares, on n'en dénombre guère plus d'une trentaine au monde. Des cas ont été recensés dans la nature au début du 20ème siècle en Inde, ainsi qu'au moins un en Iran. La mutation a donc été observée à l'état sauvage chez le tigre du Bengale et le tigre de la Caspienne, mais il est possible que le gène à l'origine de la mutation existe aussi chez le tigre de Sibérie, car tous les tigres dorés en captivité aujourd'hui sont des hybrides de cette sous-espèce. En captivité, la première naissance a eu lieu en 1983. Les tigres dorés captifs sont issus des mêmes lignées que les tigres blancs, en particulier les tigres blancs sans rayures. Cette lignée est particulièrement consanguine. Déjà issus d'une lignée consanguine, une des premières tigresses dorées ( née en 1986 ) a été accouplée à son frère afin de perpétuer la coloration. Ce mâle était roux, porteur du gène blanc. Parmi leurs 12 tigreaux ( 4 portées ), 8 étaient roux ( porteurs ou non du gène blanc. 2 n'ont pas survécu, 1 mort-né et l'autre tué par sa mère ), 2 blancs ( 1 n'a survécu que quelques jours ), et 2 dorés. On peut penser qu'au moins un bon nombre des actuels tigres dorés sont leurs descendants . . .

Tigre doré, Olmen - tous droits réservés Nicolas Clément

Toutes les images que l'on pourra trouver, sur le net ou ailleurs, de tigres bleus sont en réalité des photo-manipulations, car on ne dispose d'aucune photographie de cet animal. Ces félins sont décrits comme ayant le fond du pelage d'un gris bleuté plus ou moins soutenu, le plus souvent rayé de noir, parfois de gris-bleu foncé. Il est possible que la mutation à l'origine de cette couleur soit la mutation dite " chinchilla ". La plupart des cas de tigres bleus observés datent de la première moitié du XXème siècle et ont été recensés dans la même région de Chine. Plus récemment, on en a également signalé en Corée, mais aucune preuve formelle n'a été apportée. Aucune peau ni aucune image n'a non plus été conservée des tigres bleus chinois, uniquement des témoignages. Quasiment tous les tigres bleus semblent appartenir à la sous-espèce du tigre de Chine, la plus ancienne, chez laquelle on ne rencontre en revanche aucun tigre blanc, alors qu'on en trouve des cas chez 6 des 8 autres sous-espèces.

On a encore recensé chez le tigre d'autres pelages atypiques, mais encore plus rares. Ainsi, en 1888 dans le centre de l'Inde, un chasseur rapporte avoir tué un tigre au pelage anormalement foncé et épais pour un tigre du Bengale, et également plus petit que le tigre du Bengale moyen. Toujours chez le tigre du Bengale, mais cette fois dans les Sunderbans, semblait exister une mutation qui faisait perdre leurs rayures à certains tigres locaux. On rapporte le fait une première fois en 1936, puis de nouveau au début des années 1970, et un spécimen aux rayures presque inexistantes aurait été photographié en 1993. Ces tigres sans rayures peuvent nous paraître étranges, mais après tout, on a bien eu la preuve par photos en 2011 que des guépards sans taches existaient ! Alors pourquoi pas des tigres sans rayures ?
Le naturaliste Pocock parle en 1929 d'un tigre brun avec des rayures à peine plus foncées que le fond du pelage. Josip Marcan, spécialiste des tigres qui en élève depuis les années 1980, a également possédé une tigresse brune rayée beige, nommée Jasmine. A Similipal, la réserve des fameux tigres noirs, ont également eu lieu en 1961, 1977, 1979 et 1988 des observations de tigres bruns sans rayures. L’abondance de pelages atypiques chez les tigres dans cette régions s'expliquant sans doute par la consanguinité. Toujours dans les Sunderbans, on trouve des cas, non confirmés, de tigres aux motifs inversés, rayés roux sur fond noir ! En 1996 on signale aussi des tigres rayés jaune sur fond noir en Inde. On connait depuis les années 1850 quelques cas de tigres aux rayures dédoublées. Enfin, des tigres rouges sont parfois signalés depuis le début du XXème siècle. Ces tigres rouges possèdent un pelage brun rouge rayé brun foncé.
En somme, le tigre, et en particulier le tigre du Bengale, présente une grande variété de pelages atypiques.

Tigre blanc et jeune normal, la Boissière du Doré - tous droits réservés

 

Pelages atypiques en captivité


Au vu des couleurs variées arborées par le chat domestique, on s’étonne parfois que les félins sauvages, au sein d’une même espèce, se ressemblent tant. Ce à quoi il faut penser, c’est que le pelage de chaque félin lui a été conféré par l’évolution dans un motif d’adaptation à son mode de vie. Les rayures du tigre constituent pour lui le meilleur des camouflages. Difficile de distinguer le grand félin rayé au milieu des herbes hautes ! Les pelages atypiques à l’état sauvage sont de rares hasards de la génétique, des mutations qui pour certaines même handicapent l’animal en le rendant trop voyant, à la fois de ses prédateurs et de ses proies. Si ces colorations atypiques peuvent devenir plus fréquentes dans certaines populations, comme c’est le cas des tigres noirs de Similipal, c’est bien souvent en raison de la consanguinité et dénotent donc dans ce cas le manque de diversité génétique et donc l’affaiblissement de la population concernée.

Tigre blanc, Parc des Félins - tous droits réservés

En captivité, l’exemple le plus probant est celui du tigre blanc. La mutation est très rare dans la nature, et on ne l’a plus vue depuis près de 50 ans à l’état sauvage. En revanche, en captivité, on compte plusieurs centaines de tigres blancs de part le monde et ils sont chaque année plus nombreux. Des centaines, quasiment tous descendants d’un unique individu : Mohan, mâle blanc capturé en 1951 en Inde. La consanguinité est très forte au sein des lignées de tigres blancs, et des plus consanguines sont aussi issus les tigres blancs sans rayures et les tigres dorés vivant en captivité. Un animal trop consanguin n’est pas sain. Le strabisme est la manifestation la plus visible. Ce défaut de vision est très répandu chez les tigres blancs et directement lié à la mutation, car les frères et sœurs roux de ces tigres ne sont pas atteints. Déformations de la colonne vertébrale, des pattes, palais incomplet font partie des autres problèmes pouvant affecter les tigres blancs. Ceux-ci ont également une espérance de vie moyenne plus courte que les tigres de couleur normale. Alors pourquoi les zoos continuent-ils à élever des tigres blancs et d’autres colorations atypiques ? Ces animaux sont très consanguins et fragiles, et par ailleurs ne sont généralement pas de sous-espèce pure : il est extrêmement difficile de trouver hors d’Inde des tigres blancs n’étant pas des hybrides de tigres du Bengale et de Sibérie. On les garde essentiellement car ces couleurs inhabituelles attirent les visiteurs. Pour l’argent.

Remarquez le fort strabisme ! - Tigre blanc, cirque - tous droits réservés

 

Cycle de vie


Les tigreaux voient le jour après 93 à 114 jours de gestation, 103 en moyenne. La portée compte de 1 à 7 petits, généralement 2 ou 3. Les naissances ont lieu au printemps chez le tigre de Sibérie, au printemps et en été chez les autres sous-espèces, vivant dans des régions plus chaudes. Les tigreaux naissent aveugles et vulnérables. Ils n'ouvriront les yeux qu'entre 6 et 14 jours. Les jeunes tigres font de 750 grammes à 1,6 kg à la naissance. De là à ce qu'il atteignent leur taille adulte, leur poids sera multiplié par 200 ! Les tigreaux grandissent vite, et à 1 mois ils commencent déjà à jouer. Vers 40 jours, ils goûtent pour la première fois à la viande, et sont sevrés entre 3 et 4 mois. Leur apprentissage de la chasse commence, et entre 6 et 8 mois ils sont déjà capables de traquer de petites proies, souvent en se regroupant. A 1 an, ils commencent à chasser seuls plus souvent, signe de leur autonomie grandissante. C'est entre 12 et 18 mois que les tigreaux perdent leurs dents de lait pour acquérir leur dentition d'adulte. Ils savent désormais se débrouiller et passent moins de temps avec leur mère. A 18 mois certains jeunes sont déjà prêts à entamer une existence indépendante. Ce sont souvent les mâles qui partent les premiers. Avant leur deuxième anniversaire, leur mère, de nouveau prête à s'accoupler, les quitte pour de bon. Les jeunes tigres atteindront leur maturité sexuelle entre 3 et 5 ans et seront alors prêts à fonder leur propre famille. Mais tous n'en arrivent pas là. La mortalité des jeunes tigres est très importante : 34% en moyenne n'atteignent pas 1 an, et de ceux qui restent, 29% ne verront pas leurs 2 ans. Devenus adultes, les tigres sauvages peuvent espérer 8 à 10 ans, et 15 à 20 ans en captivité, avec un record de 26 ans. Dans la nature, le record est de 20 ans, détenu par un mâle de la réserve indienne de Bandhavgarh nommé Charger.

Tigreaux de Sumatra de 7 semaines, Doué la Fontaine - tous droits réservés

 

Dans la nature, un tigre ne vit généralement pas plus d'une dizaine d'années, mais certains atteignent parfois une longévité bien plus importante. Les plus vieux tigres sauvages connus figurent aussi parmi les plus célèbres. Ils sont nés dans les années 1980 dans la réserve de Bandhavgarh, dans le centre de l'Inde, connue pour sa forte densité de tigres et parce que c'est ici qu'ont été vus les derniers tigres blancs sauvages et qu'à été capturé Mohan, fondateur de la population captive. Sita, tigresse peu farouche et mère de nombreux petits, est l'un de ces tigres à la longévité exceptionnelles. Elle est sans doute le tigre sauvage qui a été le plus photographié. Sita est morte en 1996 à l'âge de 17 ans, tuée par des braconniers. Son compagnon de longue date avait été nommé Charger car ce tigre imposant était assez agressif et avait pour habitude de charger les éléphants. Mâle dominant de la réserve durant plus d'une décennie, il s'est éteint en septembre 2000 à l'âge de 20 ans. La majorité des tigres vivant aujourd'hui à Bandhavgarh sont des descendants de Sita et Charger et l'actuel mâle dominant, Bamera, n'est autre que leur petit fils. Une autre tigresse du Bengale, Machli, du parc national de Rathambore, pourrait bien battre le record de Charger : elle a fêté ses 20 ans en 2016.

Tigreaux de 2 mois et demi, la Boissière du Doré - tous droits réservés

 

Le sens de la famille


Jusqu'à récemment, on pensait encore que les tigres étaient solitaires une fois adultes, qu'ils ne se rencontraient guère qu'à la saison des amours, que la femelle élevait seule ses petits. Mais les observations faites depuis les années 1990 dans certaines réserves indiennes ont de quoi nous faire réfléchir. On peut bien dire, les tigres ont un certain sens de la famille ! Ainsi, il n'est pas si rare de voir un mâle rendre visite à ses petits et à leur mère, voir même partager sa proie avec eux ou surveiller les petits pendant que la tigresse part chasser. On a déjà observé de jeunes adultes revenant voir leur mère déjà accompagnée de nouveaux tigreaux. Les tigres sont donc bien plus sociables que ce qu'on croyait ! Un cas inédit s'est même produit en 2011 dans le parc national de Ranthambore. Au mois de février, une tigresse, T-5, meurt d'une blessure infectée, laissant orphelins ses deux tigreaux de seulement 3 mois, à peine sevrés. Les gardes du parc ont beau faire, les petits disparaissent, et on les pense perdus. Mais quelques semaines plus tard, ils retrouvent des empreintes de jeunes tigres, toujours accompagnées de celles d'un grand mâle . . . Inquiets pour la sécurité des tigreaux, et en même temps intrigués, ils posent des pièges photographiques qui captureront bien vite l'image des 2 petits, bien vivants, en bonne santé grâce aux bons soins . . . de leur père T-25 ( aussi connu comme " Dollar " en raison de la forme de certaines de ses rayures ) ! Une année a passé, et le mâle s'occupe toujours aussi bien de ses deux petits, leur procurant nourriture, protection et affection, et ceux-ci ont bien grandi. Afin de mieux se concentrer sur leur éducation, leur père a même réduit l'étendue de son territoire !

Tigresse et petit de 3 mois, la Boissière du Doré - tous droits réservés

 

Un grand nageur


On dit parfois que les chats n'aiment pas l'eau. Quand on observe de plus près les félins, on se rend compte rapidement qu'en fait un bon nombre d'entre eux aiment l'eau. Le tigre fait partie de ces félins nageurs. Il est fréquent, lorsque les températures montent, de voir les tigres aller se baigner. En effet, même s'il occupe surtout des pays chauds, le tigre est un animal qui supporte mal les fortes chaleurs. L'eau constitue pour lui un bon moyen de se rafraîchir. Pour la même raison, il stocke parfois des proies dans l'eau : plus au frais, elles se conservent un peu plus longtemps. Les jeunes tigres aiment aussi beaucoup jouer dans l'eau. Ces félins sont aussi des nageurs endurants. Un tigre peut facilement traverser un cours d'eau large de plusieurs kilomètres. L'actuel record est détenu par un tigre de Sumatra que l'on a observé franchir un bras de mer large de 29km ! Ce talent pour la natation fait même se demander si ce n'est pas en traversant la mer à la nage que le tigre aurait colonisé l'île de Bali. Le détroit séparant les île de Bali et Java ( domaine du tigre depuis très, très longtemps ) n'est en effet large que de 2,4 km, une traversée parfaitement dans les capacités du grand félin.

Tigre de Sibérie, Jurques - tous droits réservés

 

Les armes du prédateur


Comme tout félin, le tigre est un prédateur et son corps tout entier est taillé pour la chasse. Ses armes les plus évidentes sont bien sûr ses griffes et ses crocs. Les griffes du tigre peuvent mesurer de 10 à 12 cm. Rétractiles, elles ne s'usent pas sur le sol et restent donc toujours acérées, idéales pour agripper une proie et l'immobiliser. Le tigre possèdent également une dentition typique de carnivore. Comme tous les félins ( sauf les lynx et le manul qui en ont 2 de moins ), il possède 30 dents réparties ainsi : 12 incisives, 4 canines, 10 prémolaires et 4 molaires. Ce sont ses canines, ou crocs, qui lui servent à tuer. Les crocs du tigre font en moyenne 7 à 7,5 cm, mais mesurent parfois jusqu'à 9 cm chez les plus grands tigres de Sibérie.
Cet équipement de chasseur redoutable ne sert toutefois pas à grand chose sans le physique qui sied à un tel prédateur. Le tigre est capable de performances impressionnantes. Il est ainsi capable de bonds de 10 mètres de long ! Au sein des félins, seuls la panthère des neiges et le puma sautent plus loin. Le tigre court à une vitesse de pointe de 50 km/h, mais ne la tient que sur quelques dizaines de mètres. A la marche il est en revanche endurant, pouvant parcourir des centaines de kilomètres en quête de proies ou d'un partenaire. Le tigre, enfin, possède une grande force. Il est capable de mettre à terre des proies bien plus grandes que lui, et un couple a même été vu tuer un éléphant adulte. On a aussi observé un tigre du Bengale déplacer un gaur ( boeuf sauvage indien pouvant atteindre une tonne ) qu'il avait tué sur 12 mètres pour le mettre à couvert, alors que 13 hommes réunis n'avaient pu bouger la carcasse d'un centimètre !

Tigre blanc, CERZA - Tous droits réservés

 

Techniques de chasse


Le tigre chasse le plus souvent en solitaire. Ses moments favoris sont l'aube et le crépuscule, mais il peut aussi chasser de jour. C'est grâce à la vue et l'ouïe, ses sens les plus affûtés, que le tigre repère ses proies : animaux jeunes, vieux ou malades, les plus faciles à attraper. Une fois la proie choisie, le tigre s'en approche doucement et en silence. Ce n'est qu'arrivé à une vingtaine de mètres qu'il s'élance. Il rejoint sa victime en quelques bonds rapides, la saisit entre ses griffes et la plaque au sol avant de lui porter le coup fatal. Il tue les proies assez petites pour en leur brisant la nuque, et étouffe les plus grosses en leur serrant la gorge entre ses puissantes mâchoires. Il traîne ensuite sa proie à couvert avant de manger. Mais toutes ses chasses ne sont pas fructueuses : ce ne sont en moyenne que 1 à 2 attaques sur 20 qui sont couronnées de succès.

Tigre de Sumatra, Doué la Fontaine - Tous droits réservés


Ces chances d’attraper la proie convoitée augmentent lorsqu'on chasse en groupe. Il arrive parfois aux tigres de chasser ensemble, adoptant alors une technique semblable à celle des lions : une partie des félins rabattent la proie vers les autres qui la saisissent, puis ils l'achèvent et la mangent ensemble. Ces exemples de coopération se retrouvent surtout chez les jeunes tigres, encore en partie dépendant de leur mère mais commençant à se débrouiller, et les couples à la saison des amours. Toutefois, des adultes peuvent parfois s'allier pour terrasser de très grosses proies comme l'éléphant : on a déjà observé 5 tigres, 2 mâles et 3 femelles, chasser ainsi en groupe dans le parc national de Ranthambore, en Inde. Mais ces alliances ne sont que temporaires.

Tigreau traquant, la Boissière du Doré - tous droits réservés

 

Proies


Le tigre est un prédateur assez opportuniste qui s'attaquent à une grande variété de proies. Ses victimes les plus fréquentes sont les grands animaux. Ses proies favorites sont bien souvent les cervidés : sambar, chital, barasingha, wapiti, cerf sika, cerf élaphe, porte-musc, muntjac, daim . . . Il apprécie également les sangliers, bovidés ( gaur, buffle, antilopes ), s'attaque au tapir malais dans le Sud de son aire de répartition, et ne néglige pas les proies plus petites : singes, oiseaux, lièvres, poissons. Il arrive parfois au tigre de tuer de très grosses proies comme l'éléphant ou le rhinocéros, mais ces cas restent peu courants. D'autres carnivores peuvent occasionnellement figurer au menu du tigre : panthère, ours, crocodile, python, et on en déjà vu un ne faisant qu'une bouchée d'un chat rubigineux. Dans son territoire plus à l'Ouest, le tigre de la Caspienne, aujourd'hui éteint, chassait d'autres proies : antilope saïga, bison d'Europe, chameau, yak et chevaux sauvages. Le tigre peut aussi parfois s'en prendre aux animaux domestiques.

 

Mangeurs d'hommes


Plus que tout autre grand félin, le tigre s'est fait, plus ou moins selon les époques, une réputation de mangeur d'hommes. Il est pourtant moins agressif que ne le sont en général lions ou panthères, d'autres félins parfois aussi mangeurs d'hommes. Et de tous les tigres, c'est le tigre du Bengale qui a tué le plus d'êtres humains.
Au début du XXème siècle, on estimait que 1000 à 1600 personnes étaient chaque année tuées par des tigres en Asie. Jim Corbett, chasseur et naturaliste, a durant plus de 30 ans traqué en Inde ces mangeurs d'homme, et a mis fin aux jours de 33 de ces félins ( 19 tigres et 14 panthères ). Le premier tigre mangeur d'homme abattu par Corbett était la mangeuse d'hommes de Champawat, en 1907, qui avait tué près de 436 personnes. En examinant son corps, le chasseur s'est rendu compte que cette tigresse avait tous ses crocs ou brisés ou totalement absents, l'empêchant de venir à bout de ses proies habituelles. En 1930, il tue les tigres de Chowgarh, une tigresse et son petit adolescent, qui totalisaient 64 victimes. Cette fois, la tigresse avait non seulement un de ses crocs brisés, mais aussi les griffes en très mauvais état. Tous les félins mangeurs d'hommes qu'il avait tués, Jim Corbett remarqua qu'ils présentaient des blessures mal guéries, des crocs abîmés, qui les empêchaient de chasser leurs proies normales. Et c'est le cas de la grande majorité des tigres mangeurs d'hommes connus.

Jim Corbett, le chasseur de mangeurs d'hommes, avec un tigre qu'il a tué

Mais comment expliquer que des tigres en pleine santé attaquent l'homme ? C'est ainsi le cas dans les mangroves des Sunderbans, entre Inde et Bangladesh. Entre 200 et 300 tigres du Bengale vivent dans ces forêts, ce qui en fait sans doute la plus importante population sauvage de tigres encore existante. Il y a encore quelques années, les tigres des Sunderbans faisaient chaque année une cinquantaine de victimes. Grâce à une plus grande vigilance des hommes, ce nombre a aujourd'hui baissé à moins de 10. C'est peu toutefois, considérant les quelque 5000 personnes qui traversent tous les ans ces mangroves. Mais pourquoi les tigres des Sunderbans, pourtant en pleine santé et disposant de proies sauvages, s'en prennent-ils parfois à l'homme ? On a abordé plusieurs hypothèse : le manque d'eau douce ou les tensions territoriales fortes ( la marée efface souvent les marquages odorants laissés par les félins ) rendraient les tigres plus agressifs que d'ordinaire, les cadavres emportés par les cyclones les habitueraient à la chair humaine ou encore, vivant dans une région isolée, ces tigres n'ont jamais été chassés, et ne craignent donc pas l'homme, qu'ils considèrent comme une proie comme les autres.
Ces dernières années, il n'y a plus que les tigres des Sunderbans qui tuent. Dans d'autres régions, et en particulier à Sumatra, les attaques sont de plus en plus fréquentes. Pourquoi ? Les tigres de Sumatra n'étaient autrefois pas connus pour être des mangeurs d'homme, et les habitants de l'île avouent n'avoir jamais vu cela. Constat : les victimes des tigres de Sumatra sont quasiment tous des bucherons, souvent illégaux. La déforestation attise les tensions. Sans territoire, sans proies, les tigres se mettent à attaquer les humains. Un cas connu est celui de Salma, tigresse de Sumatra ayant tué 3 personnes avant d'être capturée en 2009. En l'examinant, on a découvert que tout récemment encore elle allaitait, mais aucune trace d'un quelconque petit, sans doute tué ou capturé par des braconniers. Salma a dû se rapprocher des villages à la recherche de son tigreau. Là, stressée, ne trouvant plus de proies, ni beaucoup d'arbres, elle a attaqué les humains. Certains ont parlé de vengeance du tigre . . .

Jeune tigre de Sumatra, Doué la Fontaine - tous droits réservés

 

Le seigneur des forêts d'Asie


Le territoire du tigre s'étendait autrefois sur une bonne partie de l'Asie, du Caucase à l'Ouest jusqu'à l'océan Pacifique à l'Est, du fleuve Amour en Sibérie au Nord jusqu'à l'île de Bali au Sud. Le tigre n'occupe plus aujourd'hui que 7% de son aire de répartition historique et a totalement disparu des abords de la mer Caspienne et des îles de Java et Bali. Les tigres ne survivent plus aujourd'hui que par petites populations isolées, la plus importante étant celle des Sunderbans, qui compte 200 à 300 individus, soit presque un dixième de l'effectif sauvage total.
Le milieu du tigre, ce sont les forêts de tous types : forêts sèches d'Inde, mangroves du delta du Gange, forêts d'altitude de l'Himalaya, forêt tropicale d'Asie du Sud-Est ou encore taïga sibérienne. Ce grand félin apprécie la végétation dense et la déforestation est une des grandes causes de son déclin.

Tigre de Sibérie, Parc des Félins - tous droits réservés

 

Du Nord au Sud


Du fait de son aire de répartition à l'origine très vaste, le tigre, comme d'autres espèces, a dû s'adapter aux différents milieux dans lesquels il vit. Les différences physiques sont parfois infimes entre certaines sous-espèces, comme les tigres d'Indochine et de Malaisie, quasiment identiques en apparence. Toutefois, lorsqu'on prend les extrêmes, on s 'aperçoit de l'extraordinaire malléabilité morphologique du tigre, plus importante encore que chez le lion ou la panthère. Chez les sous-espèces encore existantes de tigre, les extrêmes sont le tigre de Sibérie, celui qui vit le plus au Nord, et le tigre de Sumatra, celui qu'on trouve le plus au Sud. Le tigre de Sibérie s'est adapté à la rigueur des hivers sibériens par son pelage très épais et sa taille imposante. C'est en effet le plus trapu et le plus grand des tigres, pouvant dépasser 300 kg, car un grand corps retient mieux la chaleur qu'un petit. A l'opposé, le tigre de Sumatra, habitant des tropiques, est plus petit, certaines femelles ne pesant que 75 kg, et nettement plus fin. Son pelage est également plus foncé, avec des rayures plus nombreuses et moins de zones blanches.
Grâce à son adaptabilité, le tigre a conquit par le passé quasiment tous les milieux forestiers d'Asie. Il a même été confirmé en 2010 que le tigre n'était pas que de passage dans les hauteurs de l'Himalaya comme on le pensait auparavant : non, une population vit et prospère là, à près de 4000 mètres d'altitude !

Tigre de Sibérie, la Bourbansais - tous droits réservés

 

Face aux autres prédateurs


Le tigre, dans toute son aire de répartition, n'est pas le seul prédateur. Il doit cohabiter avec une grande variété d'autres carnivores. Panthères, ours, pythons ou crocodiles figurent d'ailleurs parfois au menu du tigre. Les rencontres entre le crocodile des marais indien et le tigre du Bengale sont assez fréquentes dans certaines régions, et mentionnées depuis plus de 200 ans. Un tigre assoiffé peut parfois se faire attraper par un crocodile, même si la majeure partie du temps il parvient à s'échapper. Le reptile, hors de l'eau, peut en revanche se faire tuer par le tigre, lui sur son domaine. Panthères et tigres cohabitent assez bien. Ils s'attaquent à des proies de taille différente et sortent généralement à des moments différents de la journée. On a toutefois pu remarquer que les panthères devenaient plus nombreuses en l'absence de tigres. Les ours sont plus souvent victimes du tigre que le contraire. Les ours constituent ainsi en moyenne 5 à 8 % du régime alimentaire du tigre de Sibérie. La relation du tigre avec les différents canidés connaît davantage de variantes. Les chacals ne représentent aucune menace pour un grand félin. Un chacal doré solitaire peut même être toléré par un tigre près des carcasses de ses proies, et en échange le chacal sert d'alarme au tigre. Le dhole, chien sauvage d'Asie, n'est pas un danger seul, mais des meutes ont déjà été observée venant à bout de tigres. Le loup a lui tendance à disparaître des régions où vivent également des tigres, du fait de la compétition alimentaire.

Tigre de Sibérie, Jurques - tous droits réservés

 

Un symbole fort


Le tigre occupe en Asie le rôle du lion en Occident : celui de roi des animaux. Le grand félin symbolise la puissance et le pouvoir. Il est très fréquent dans l'art asiatique car part importante de nombreuses mythologies. Le tigre est ainsi le compagnon de la déesse Hindoue Durga, protectrice et personnification de la guerre. En Chine, il est aussi personnification de la guerre et c'est un des 12 animaux du zodiaque chinois. L'image d'un tigre blanc dans une maison sert d'amulette protectrice contre rats et serpents, et le Tigre Blanc de l'Ouest est le gardien d'un point cardinal, l'Ouest, et de l'automne. Le tigre occupe également une place importante dans la symbolique des arts martiaux. Le tigre est très respecté des peuples de Sibérie, pour lesquels il est assimilé aux ancêtres et désigné comme " Amba " ou un autre terme, qui équivaut à " Grand-père " ou " Vieux sage ". Les Mandchous l'appellent même " Hu Lin ", ce qui veut dire " le roi ". En Asie du Sud-Est, le tigre-garou remplace dans l'imaginaire le loup-garou d'Occident, mais son image est généralement plus positive. Enfin, ce symbole fort sert d'emblème à plusieurs pays d'Asie : tigre du Bengale pour l'Inde et le Bangladesh, tigre de Malaisie pour la Malaisie et tigre de Sibérie pour la Corée du Sud.

Tigre de Sumatra, la Boissière du Doré - tous droits réservés

 

Dans la culture populaire


Outre son importance symbolique, le tigre occupe une grande place dans la culture populaire. Il serait impossible de citer ici tous les œuvres, littéraires ou artistiques, dont il fait partie. Parmi les plus célèbres, on peut parler de Shere Khan le tigre du Bengale, ennemi de l'enfant-loup Mowgli dans " Le livre de la Jungle ", ou encore le poème " The Tyger " de William Blake. Sur petit et grand écran, on peut citer Tigrou, le compagnon tigre de Winnie l'ourson, Yoko, Taïga, Indra et Marquise, les tigresses qui gardent la salle du trésor dans " Fort Boyard ", ou bien sûr Kumal et Sangha, les " Deux Frères " qui ont ému tant de spectateurs.
Dans l'art, les plus anciennes représentations de tigres sont celles de mosaïques romaines. Le grand félin est très présent dans l'art asiatique, du fait de son importance symbolique dans ces cultures. En Europe, de nombreux peintres ( Rubens, le Douanier Rousseau, Delacroix, . . . ) et sculpteurs ( Barye, . . . ) l'ont aussi représenté.

Mosaïque romaine de tigre

 

Le plus grand des félins


Le tigre est le plus grand félin vivant et un des plus grands ayant existé. Au sein de sa sous-famille, les panthérinés ( ou " grands félins " ), seul le lion des cavernes de la dernière période glaciaire était plus imposant. Les plus grands tigres sont ceux du Nord, dont la taille constitue un avantage pour mieux résister au froid. Les tigres de Sibérie mâles peuvent dépasser 3 mètres 50 de long pour plus de 300 kg. Les tigres du Bengale du Nord de l'Inde peuvent aussi parfois atteindre ces tailles impressionnantes, et le tigre de la Caspienne était quasiment aussi imposant que le tigre de Sibérie. A l'autre extrémité de l'échelle se trouvent les tigres des régions chaudes du Sud, en particulier les sous-espèces des îles de la Sonde. Le plus petit tigre encore vivant est le tigre de Sumatra, dont les plus petites femelles peuvent ne faire que 75 kg. Mais la plus petite de toutes les sous-espèces était le tigre de Bali, aujourd'hui éteint, dont les plus grands mâles ne dépassaient pas 2 mètres 30 pour jamais plus de 100 kg, et dont les plus petites femelles n'atteignaient que 65 kg pour une taille de moins de 2 mètres. Les records de poids sont tous les deux détenus par des tigres de Sibérie mâles : 384 kg à l'état sauvage, et 465 kg en captivité. Entre les extrêmes, les tailles peuvent beaucoup varier selon la sous-espèce, la région ou le sexe de l'animal. En règle général, on dit que la taille et le poids du tigre peuvent varier de 2 mètres à 2 mètres 75 et 75 à 170 kg pour une femelle, et de 2 mètres 50 à 3 mètres 30 et 90 à 300 kg pour un mâle, dont 60 cm à 1 mètre 10 pour la queue. La hauteur au garrot va de 70 cm à 1 mètre 20.

Tigre de Sibérie, Jurques - tous droits réservés

 

Un alarmant déclin


Au début du XXème siècle, on estimait la population totale de tigres à l'état sauvage à près de 100 000 individus. En 2010, on n'en comptait plus que 3200. Elle a légèrement augmenté depuis, mais trop peu. La sous-espèce la mieux représentée est le tigre du Bengale. Avec un peu moins de 2500 individus, c'est la seule sous-espèce comptant encore plus d'un millier de spécimens à l'état sauvage. Mais les populations sont de plus en plus fragmentées, entraînant consanguinité et perte de la diversité génétique. La population la plus importante, celle des Sunderbans, ne compte que 200 à 300 individus. Les effectifs en liberté des autres sous-espèces sont faibles, et viennent dans l'ordre : tigre de Malaisie ( 500 ), tigre de Sibérie ( moins de 500 ), tigre de Sumatra ( 400 ) et tigre d'Indochine ( 350 ). Le tigre de Chine ne se rencontre plus lui qu'en captivité. Il en reste moins d'une centaine, tous très consanguins car issus de seulement 6 individus capturés dans la nature dans les années 1970. Beaucoup considèrent aujourd'hui le tigre de Chine comme condamné.

Tigreau de 5 mois, la Boissière du Doré - Tous droits réservés


Pour les autres sous-espèces aussi, des programmes d'élevage en captivité existent. En 2010, la base de données ISIS recensait presque 400 tigres du Bengale, 250 tigres de Sumatra, 50 tigres d'Indochine, 60 tigres de Malaisie, un peu plus de 450 tigres de Sibérie et environ 400 tigres hybrides dans les zoos participants. Ce que cette base de données ne recense pas, ce sont tous les tigres, très souvent hybrides, détenus par les autres zoos, les cirques ou à titre privé. Les élevages intensifs existant en Chine non plus. Il y aurait près de 5000 tigres ainsi détenus rien qu'en Chine, et 6000 aux États Unis ! Rien qu'avec ces 2 pays, c'est presque 4 fois le nombre de tigres sauvages . . . Cela devrait nous alerter au plus haut point. Car une des pires choses qui puisse arriver à une espèce, c'est que ses effectifs captifs dépassent ses effectifs sauvages : signe alarmant de déclin . . .

Tigre de Sibérie, Thoiry - tous droits réservés

 

Tigre en danger


100 000 en 1900, 3200 en 2010 . . . existera-t-il seulement encore dans un siècle ? Le tigre est un félin en danger d'extinction. Les associations de protection de la nature et les gouvernements des 13 pays où il existe encore ont beau faire, le déclin du tigre se poursuit . . . Sur les 9 sous-espèces, 3 sont déjà éteintes, l'une n'existe déjà plus à l'état sauvage et les 5 autres sont menacées. Comment a-t-on pu en arriver là ?
Au cours du XXème siècle, la chasse, pratiquée à l'excès, fut une des principales cause du déclin du tigre. Les nobles voyaient la chasse au tigre comme un sport, et c'est à celui qui aurait le plus de peaux et les plus grandes que reviendrait le plus important prestige. A cause de la chasse au trophée, le nombre de tigres en Inde est passé de 40 000 à moins de 1800 en un siècle. Éliminer celui qu'on considérait alors comme " mangeur d'hommes " apportait aussi une certaine gloire. Cette pratique est aujourd'hui illégale, mais la demande de peaux de tigres existe toujours. Ils sont braconnés jusque dans les réserves les mieux protégées, leurs fourrures finissent chez de riches clients, leurs griffes, leurs dents, leurs organes et leurs os sur le marché noir de la médecine traditionnelle chinoise, qui leur attribue des vertus miraculeuses.
L'autre grande menace qui pèse sur le tigre, c'est la déforestation. C'est elle qui porta le coup fatal au tigre de Bali et au tigre de Java, sous-espèces déjà auparavant décimées par la chasse. Le dernier des tigres des îles de la Sonde, le tigre de Sumatra, voit chaque jour se réduire un peu plus son territoire déjà bien amoindri, grignoté par les plantations de palmiers à huile . . . Sur tout le domaine du tigre, ses forêts disparaissent à une vitesse inquiétante. L'homme empiète toujours plus sur le territoire du grand félin. Le tigre n'occupe déjà plus que 7% de son aire de répartition originelle . . .

Tigre de Sumatra, la Boissière du Doré - tous droits réservés

 

 

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