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Le chat des Andes
Classification
Le chat des Andes fait partie des 10 espèces de félins qu'on trouve en Amérique du Sud. On le classait auparavant dans un genre à part, Oreailurus, avant qu'il soit reclassé dans le genre Leopardus avec pour nom scientifique Leopardus jacobita. La lignée ayant conduit au genre Leopardus, qui regroupe 7 espèces dont le chat des Andes, est la première lignée de félins encore existante arrivée en Amérique du Sud, il y a 10 à 12 millions d'années, bientôt suivie de celles des genres Puma ( puma et jaguarondi ), et Panthera ( jaguar ). Les chats du genre Leopardus présentent une particularité génétique par rapport aux autres félins : alors que ceux-ci possèdent 19 paires de chromosomes, les Leopardus n'en ont que 18. Le parent le plus proche du chat des Andes est le colocolo. C'est une des 4 seules espèces de félins ne comptant pas de sous-espèces ( les autres étant le chat bai, le chat à tête plate et le le jaguar ).
Colocolo et chat des Andes
Le colocolo ( Leopardus colocolo ) est le plus proche parent du chat des Andes ( Leopardus jacobita ). Il ne faut donc pas s'étonner des ressemblances entre les deux espèces. Elles restent simples à distinguer physiquement lorsque le colocolo arbore le pelage presque uni qui est une de ses variantes. Là où les choses se compliquent, c'est lorsque le colocolo est tacheté, et cette variation est justement plus répandue en montagne, là où son aire de répartition peut recouper celle du chat des Andes. Les deux félins sont de corpulence semblable, mais le chat des Andes est en moyenne légèrement plus grand que le colocolo, avec une queue proportionnellement plus longue et une tête plus petite. Le pelage du chat des Andes et du colocolo andin sont de coloris semblables, gris marqué de brun, avec une queue annelée. Le moyen le plus simple de les distinguer est de regarder la forme des taches : celles du colocolo sont étirées horizontalement, alors que celles du chat des Andes le sont verticalement. Le chat des Andes se rencontre également en haute altitude ( 3000 à 5000 mètres ) que le colocolo, qui n'y fait que peu d'incursions, bien qu'on aie observé des spécimens à 5000 mètres d'altitude.
Chat des montagnes
On ne rencontre le chat des Andes que dans 4 pays, et encore seulement une partie de ceux-ci, dans la chaine montagneuse des Andes : Sud du Pérou, Sud Ouest de la Bolivie, Nord de l'Argentine et Nord Est du Chili. On ne rencontre le chat des Andes qu'en haute altitude, au-delà de la limite des arbres, dans un milieu de rochers et de broussailles, en général entre 3500 et 4800 mètres, mais on a déjà observé un spécimen à 5100 mètres d'altitude.
Le chat des Andes ressemble beaucoup à sa grande cousine asiatique la panthère des neiges, sans doute en raison d'une adaptation à un milieu semblable, la haute montagne. Comme elle, le chat des Andes possède un corps trapu et une très longue queue. Sa fourrure est épaisse, avec une teinte à dominante grise. Ce pelage gris est marqué de brun-rouge : les flancs sont ornés de taches étirées verticalement, les pattes sont rayées et la queue annelée.
Cycle de vie
On ne sait que peu de choses du cycle de vie du chat des Andes. D'après les quelques observations, les portées comptent un ou deux chatons, et les naissances ont lieu au printemps et en été, lorsque les proies sont les plus abondantes. Les jeunes chats des Andes sont plus foncés que les adultes, avec des taches nettement plus marquées. L'espérance de vie du chat des Andes est inconnue.
Proies
Le chat des Andes est comme nombre d'autres petits félins un prédateur essentiellement de rongeurs. Auparavant, il chassait surtout deux types de rongeurs : le chinchilla et la viscache. Avec la raréfaction du chinchilla, qui a frôlé l'extinction en raison de sa fourrure très appréciée, le chat des Andes a dû se rabattre davantage sur la viscache, qui selon les études compose près de 94% de son alimentation. Un photographe ayant observé un chat des Andes chasser les viscaches en sautant par dessus les rochers a décrit la scène comme une danse extravagante.
Compétition avec le colocolo
Le chat des Andes partage une bonne partie de son territoire avec son plus proche parent, le colocolo, ou chat des pampas. Le chat des Andes et le colocolo andin se ressemblent beaucoup par leur apparence, mais aussi leurs habitudes. Tous deux dépendent surtout pour se nourrir de la viscache : elle compose 94% de l'alimentation du chat des Andes, et 75% de celle du colocolo, prédateur déjà plus opportuniste, dans cette région. Les deux félins, de tailles quasiment identiques, chassent aussi aux mêmes moments de la journée, au plus noir de la nuit. Le fait de chasser les mêmes proies crée une compétition alimentaire entre les deux espèces et rend encore un peu plus difficile pour eux le fait de trouver assez à se nourrir.
Taille
Le chat des Andes est un félin de petite taille, à peine plus grand qu'un chat domestique, mais bâti différemment, plus trapu surtout. Il mesure de 90cm à 1 mètre 20 de long, parfois un peu plus, dont 35 à 45 cm pour la longue queue, et fait environ 36cm au garrot. Le chat des Andes pèse de 3 à 6 kg. Il paraît plus gros qu'il ne l'est en réalité en raison d'une fourrure très épaisse : la longueur du poil atteint 4cm sur le dos, 3,5cm sur la queue. Les mâles sont généralement un peu plus grands que les femelles.
Un félin secret
On ne sait que peu de choses du chat des Andes. Il n'a été décrit scientifiquement qu'en 1865, bien plus tard que la plupart des autres félins, et jusqu'à la fin du XXème siècle on ne connaissait guère de lui que quelques peaux et crânes dans des musées. Les observations sont rares, et les premières photographies de cette espèce n'ont été prises qu'en 1980. Seul le chat bai de Bornéo est encore plus secret. Mais comme son cousin asiatique, le chat des Andes commence à être un peu mieux connu. Des études sont menées depuis le début des années 2000. Depuis 2002, des pièges photographiques captent ainsi régulièrement son images. Quelques spécimens ont été capturés afin d'être examinés, puis relâchés. Les déplacements de l'un d'eux ont même pu être étudiés, apportant de précieuses informations sur le comportement de cette espèce. La femelle adulte, nommée Sombrita par les scientifiques, a été équipée d'un collier émetteur en avril 2004. Elle sera suivie jusqu'en décembre 2004. Elle est de nouveau observée en janvier 2005, portant toujours son collier désormais inactif. Les chercheurs la retrouveront morte peu après, et craignant que ce soit à cause du collier, préfèreront ne plus en équiper aucun chat des Andes.
L'avenir du chat des Andes
Le chat des Andes est un petit félin méconnu, mais ce qu'on a rapidement comprit, c'est qu'il était rare. La population est estimée à moins de 2500 individus et sur le déclin, aucune population ne dépassant sans doute 250 spécimens. Bien que protégée sur toute son aire de répartition, l'espèce est encore victime du braconnage, en raison de vertus bénéfiques associées à sa peau dans certaines croyances religieuses et de conflits avec les éleveurs. Son habitat souffre de l'exploitation humaine ( élevage, tourisme ), quand il n'est pas grignoté par les habitations ou les mines. La raréfaction du chinchilla, une de ses deux principales proies, décimée pour sa fourrure, le rend très dépendant de la viscache pour se nourrir et augmente la compétition alimentaire entre le chat des Andes et le colocolo. Enfin, l'étude de plusieurs spécimens a montré que le chat des Andes présentait une faible diversité génétique qui le rend encore plus vulnérable.