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Le caracal
Classification
Le caracal a longtemps, du fait de ses ressemblance avec les lynx, été désigné comme faisant partie du même genre que ses cousins, avec donc pour nom scientifique Lynx caracal. Pinceaux de poil aux oreilles, queue courte et longues pattes sont en effet des caractéristiques qu'on attribue généralement aux lynx, et le caracal est toujours parfois connu sous les appellations lynx d'Afrique ou lynx du désert. Toutefois, le caracal n'est pas un lynx. La génétique a révélé sa parenté avec deux autres petits félins africains, le serval et le chat doré. Caracal et chat doré africain se ressemblent beaucoup, mais ont évolué distinctement pour s'adapter l'un aux milieux ouverts, l’autre aux forêts. Tous deux ont leur propre genre, Caracal. Le nom scientifique du caracal est Caracal caracal. Du fait de son aire de répartition assez vaste, plusieurs sous-espèces se sont développées. On en compte 9 :
- Caracal caracal caracal : Afrique centrale et Afrique du Sud
- Caracal caracal algira : Afrique du Nord
- Caracal caracal damarensis : Namibie
- Caracal caracal limpopoensis : Botswana
- Caracal caracal lucani : Gabon
- Caracal caracal michaelis : Turkménistan
- Caracal caracal nubicus : Éthiopie, Soudan
- Caracal caracal poecilictis : Afrique occidentale
- Caracal caracal schmitzi : Asie occidentale, Iran, Arabie, Inde
Oreilles noires
Saviez-vous que le caracal tenait son nom . . . de ses oreilles ? Le mot " caracal " vient du turc " karakulak ", qui signifie " oreille noire ". Le caracal présente en effet cette caractéristique. Le revers de ses oreilles, ainsi que les pinceaux de poil à leur extrémité, sont toujours noirs.
Hybrides
Servical et caraval sont issus de l'hybridation du serval et du caracal. Ces 2 hybrides se ressemblent beaucoup. Leur apparence est souvent plus proche de celle du serval, une fois adultes, avec une silhouette élancée, une queue courte et de grandes oreilles. Ils sont aussi, comme leurs parents, assez grands : on reporte ainsi en 1999 un caraval mâle de 2 ans, Rahja, qui pesait 9kg. Leurs taches, plus petites que celles du serval, font penser à une variante peu courante de cette espèce, plus foncé que le serval normal, au pelage marqué de petites taches, le servalin. Caraval et servical conservent toutefois certains traits du caracal, ils peuvent ainsi avoir des pinceaux de poil aux oreilles. Les jeunes servicals sont très semblables à de jeunes caracals. Ces hybrides sont souvent élevés en tant qu'animaux de compagnie. Les mâles sont stériles mais les femelles, fertiles, sont parfois accouplées à des servals ou des caracals. Ser-caraval et ser-servical ressemblent davantage au serval, avec très peu de l'apparence du caracal. Un car-caraval sera lui plus caracal, avec peu de taches et une fourrure roux fauve.
Le caracat est issu du croisement en caracal et chat domestique. Le premier caracat connu est un hybride né involontaire au zoo de Moscou en 1998. Une autre naissance non voulue à eu lieu en Allemagne quelques années plus tard. Mais ces naissances non désirées avaient donné des idées, et des discussions se sont engagées à partir de 2003 aux Etats-Unis. Depuis quelques années, des hybridations volontaires ont lieu entre des chattes domestiques ( généralement de race abyssin ou chausie ), la première naissance ayant eu lieu en 2007. Le caracat ressemble beaucoup au caracal, avec une silhouette élancée, une queue souvent courte et de grandes oreilles dotées de pinceaux de poils noirs ( plus courts que ceux du caracal ). Les même problèmes que pour le safari ( chat de Geoffroy x chat domestique ) ou le savannah ( chat domestique x serval ) se posent aux premières générations : les chatons naissent souvent prématurés, car caracal et chat domestique n'ont pas la même durée de gestation et parce que les petits sont grands pour le corps de leur mère, qui dans bien des cas ne peut d'ailleurs pas les allaiter.
Un corps de chasseur
Le caracal est souvent comparé aux lynx. Il leur ressemble certes, par ses oreilles ornées de pinceaux de poils noirs, ses très longues pattes et sa queue courte. Beaucoup d'entre eux partagent une autre caractéristique avec leurs cousins du Nord : alors que la majorité des félins ont 30 dents, il manque à près de 92% des caracals les secondes prémolaires supérieures, ce qui leur laisse donc comme pour les lynx 28 dents. Mais le caracal est plus élancé que les lynx, ne possède pas leurs favoris, et c'est un des quelques félins à posséder un pelage uni. Le pelage du caracal ressemble d'ailleurs étonnamment à celui du puma, autre félin uni. La fourrure du caracal varie du roux fauve au roux intense, du brun roux à des teintes quasiment grises. Menton et dessous sont plus clairs, crème à blanc. Les jeunes arborent souvent au niveau de l'abdomen et à l'intérieur des pattes des taches d'un roux plus foncé que le reste de leur pelage, qui restent parfois à l'âge adulte. Le revers des oreilles et le pourtour du museau sont noirs. On connaît aussi des caracals mélaniques, entièrement noirs. Le caracal possède aussi de la fourrure entre les coussinets, qui l'aide à moins s'enfoncer lorsqu'il marche sur le sable, adaptation semblable à celle qu'on retrouve par exemple chez le chat des sables.
Des pinceaux caractéristiques
Plusieurs espèces de félins possèdent des pinceaux de poils aux oreilles : les lynx bien sûr, mais aussi le chaus ou encore le chat orné ( sous-espèce asiatique de chat sauvage ). Mais de tous, c'est le caracal qui a les pinceaux les plus développés. Il arrive même qu'ils soient si longs qu'ils retombent de chaque côté de la tête de leur propriétaire ! Mais à quoi servent-ils ? On a supposé plusieurs fonctions à ces pinceaux. D'abord, ils accentuent les expressions du caracal et participent donc ainsi à la communication entre congénères. L'autre hypothèse, sans doute complémentaire, veut que ces pinceaux améliorent l'audition du félin.
L'art du saut
Le caracal est un excellent sauteur, seulement surpassé parmi les félins de petite taille par son proche parent le serval. Mais le caracal est le plus véloce. D'une détente fulgurante, il se propulse en l'air jusqu'à plus de 2 mètres de haut et grâce à son coup de patte agile et rapide, il peut même capturer plusieurs oiseaux en une seule fois ! Même lorsqu'il chasse des proies qui ne s'envoleront pas, un ou deux bonds rapides suffisent au caracal pour saisir sa victime entre ses griffes.
Cycle de vie
Chez le caracal, les petits naissent à la saison des pluies en Afrique, au printemps en Asie, au terme d'une gestation de 69 à 78 jours . La portée compte de 1 à 6 chatons, généralement 3 ou 4. Les chatons ne font que 200 à 250 grammes à la naissance, et sont alors aveugles, sourds et sans défenses. Ils ouvrent les yeux vers 10 jours, et vers 15 jours toutes leurs dents de lait sont poussées. Leur dentition d'adulte sera plus lente à apparaître : après les canines à 4 ou 5 mois, les dents définitives du jeune caracal mettront jusqu'à 6 mois pour être toutes présentes. A 1 mois, les chatons commencent à sortir de la tanière. Ils sont sevrés entre 10 et 25 semaines. Vers 6 mois, ils commencent à chasser. Ils pourront rester avec leur mère jusqu'à l'âge de 1 an avant de prendre leur indépendance. C'est au même âge qu'ils atteignent leur maturité sexuelle. Un caracal pourra espérer vivre jusqu'à 12 ans à l'état sauvage et 17 ans captivité, le record étant de 20 ans.
Des savanes aux déserts
Le caracal est essentiellement connu en tant qu'habitant des savanes africaines, mais il fréquente aussi milieux broussailleux, forêts clairsemées, steppes et régions semi-désertiques, en Afrique bien sûr, mais aussi au Moyen-Orient et jusqu'en Inde, bien qu'il soit moins répandu en Asie. Le caracal affectionne davantage les milieux ouverts, bien qu'on le rencontre parfois en forêt. Bien adapté aux climats secs, il est capable de se passer d'eau durant de longues périodes, se contentant alors de l'humidité contenue dans ses proies.
Proies
Le caracal est un chasseur opportuniste, s'attaquant à toute proie accessible à un félin de sa taille. Ses proies favorites sont les petits mammifères ( rongeurs, lapins, lièvres à et les oiseaux, mais il ne dédaigne pas non plus insectes et petits reptiles. Le caracal est aussi un des principaux prédateurs du daman, petit cousin de l’éléphant aux allures de marmotte. Puissant pour sa taille, le caracal n'hésite pas même à s'attaquer à certaines antilopes de petite taille, comme le dik dik, qu'il tue en les étouffant, contrairement aux proies plus petites auxquelles il brise la nuque.
Taille
Le caracal est un des plus grands chats sauvages de son aire de répartition. En Afrique, les seuls autres chats atteignant sa taille sont ses plus proches parents, le serval et le chat doré africain. La taille du caracal va de environ 80 cm à 1 mètre 40 de long selon les régions et l'individu, les mâles étant plus grands que les femelles. La courte queue de 20 à 32 cm équivaut à peu près à un tiers de la longueur du reste du corps. Haut sur patte, le caracal peut faire 38 à 50 cm au garrot. Le poids d'une femelle va de 6 à 12 kg, celui d'un mâle de 13 à 19 kg.
Autrefois à nos côtés
Durant des siècles, des caracals ont vécu près des hommes. Habitué jeune aux humains, ce félin est en effet, comme le guépard, d'une docilité surprenante et peut être dressé. En Inde, on pouvait ainsi autrefois parfois observer des seigneurs se rendant à la chasse avec 3 animaux à leurs côtés pour traquer le gibier : le faucon, le guépard et le caracal. Les caracals chassaient pour leurs maîtres lièvres et oiseaux. Un " sport " assez populaire s'est même développé à l'époque en Arabie et en Asie centrale : un caracal dressé était lâché dans une arène pleine de pigeons, et le public devait parier sur le nombre d'oiseaux que le félin parviendrait à attraper. Cette coutume est même à l'origine de l'expression anglaise " to put a cat among the pigeons " ( " mettre un chat parmi les pigeons " ) équivalent en français de " jeter un pavé dans la mare ".
Persécuté mais tenace
Le caracal est une espèce robuste, capable de s'attaquer à de nombreuses proies et s'adaptant à plusieurs milieux. Sur sa vaste aire de répartition, il y a des régions où il est même très abondant. Il est moins répandu en Afrique qu'en Asie, et les caracals du Turkménistan sont considérés comme en danger, mais sinon l'espèce se porte plutôt bien. Toutefois, on ne doit pas oublier qu'il suffit de peu pour inverser la tendance. Comme d'autres félins, le caracal perd chaque année davantage de son habitat, grignoté par l'homme, et il est toujours chassé. Dans bien des régions, il n'est pas vraiment protégé. En Afrique, c'est une des espèces souvent victime de la chasse aux trophées et, parce qu'il s'attaquent parfois aux animaux domestiques, le caracal est mal vu par les éleveurs qui le traquent pour l'éliminer, en particulier dans le Sud de l'Afrique.